Les Rencontres régionales de la Ville de Décembre 2011
LES RENCONTRES RÉGIONALES DE LA POLITIQUE DE LA VILLE SE SONT TENUES AU SIEGE DE LA REGION. Un espace de discussion, que j’avais annoncé il y a un an, une journée de concertation pour les acteurs socio-professionnels de la politique de la ville (élus d’agglomérations, de villes moyennes ... mais aussi des porteurs de projets associatifs ou autres) afin de travailler à la stratégie pour 2012, dans un contexte socialement tendu et incertain. Et si la politique de la ville servait finalement de modèle pour la cohésion sociale ? Telle est la conclusion un peu inattendue à laquelle on pourrait -presque- se livrer à l’issue de la journée.
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POLITIQUE DE LA VILLE : RENCONTRES RÉGIONALES AU SIEGE DE LA REGION.
(* voir aussi mon compte rendu du colloque international sur démocratie et developpement du pouvoir d’agir lire).
Et si la politique de la ville servait finalement de modèle pour la cohésion sociale ?
Telle est la conclusion un peu inattendue à laquelle on pourrait presque se livrer à l’issue de la journée.
Petit retour en arrière : si je m’étais engagée il y a un an à organiser à la région une forme de "suite" aux assises de la Ville- réunissant plusieurs agglomérations- pilotée par le Grand Lyon en 2010 et qui engageaient en somme la (re)construction de la politique de la Ville dans un contexte jugé un peu délétère, il faut dire que cela n’avait pas été simple. Il a fallu travailler à l’ organisation de cette journée dans des conditions difficiles (déménagement du siège régional, réorganisation de service ).
Mais chacun à la région s’est activé pour que cette journée soit vraiment une Rencontre : une rencontre entre spécialistes, porteurs de projets, associations, bénéficiaires, élus, chercheurs ; il s’agissait d’interroger l’avenir, les pratiques, bref d’échanger et de réfléchir à plusieurs.
Plus de 350 personnes présentes pour ces rencontres au siège de la région Rhône Alpes, introduites par JeanJack Queyranne et moi même, en présence d’un "grand témoin" inattendu mais intéressant, le Conseiller d’ Etat de Genève. La République (et Ville de Genève) s’est récemment dotée d’une politique de la Ville, après avoir
échangé avec Rhône Alpes. Elle estime l’heure venue de travailler sur la question de la cohésion sociale territoriale, mais elle se méfie du "supplément d’âme "que pourrait être la Politique de la Ville lieu et place de la mobilisation accrue du "droit commun". En matière de gouvernance, pour Genève, la politique de la ville ne peut être qu’ au dessus des services sectoriels et pilotée par le "chef" de l’exécutif. (De quoi ravir le chercheur Claude Jacquier qui intervient en ce sens depuis des années ).
Malgré les difficultés ambiantes importantes et des finances en berne, la teneur des ateliers et plénières a été globalement appréciée : bon nombre de bonnes idées échangées, et d’exemples concrets, qui ont été comme autant de "coup de pouce", même modestes, à l’action. Et d’action, de perspectives, les acteurs de la "Ville" en ont grand besoin, en cette époque où les chefs de projets ont de plus en plus de mal à se projeter dans l’avenir (cf article de la Gazette des Communes de Novembre 2011).
Il faut dire que la période est morose : les crédits de l’agence de cohésion sociale ont diminué de 25 à 30% depuis 2009, et l’avenir est peu lisible . Même si la région ne diminue pas vraiment son enveloppe globale.
De plus la réforme territoriale, avec les Métropôles, pose de façon importante la question de l’équité territoriale .
Il nous faut continuer à imaginer des modalités spécifiques et partagées qui sortent des dispositifs classiques officiels.
Ainsi , la région Rhône Alpes en tant qu’institution a- t- elle soutenu des formes de renouvellement urbain ad hoc pour des "petits" territoires qui ne pouvaient justifier des critères ANRU, en lien avec bailleurs, départements, communes etc .., Ainsi avons nous mis en place à la région un "PRE Region" (programme de réussite éducative) pour les plus de 16 ans car celui de Etat s’arrêtait brutalement à 16 ans alors qu’il s’agit d’un âge extrêmement sensible.
La région Rhône Alpes, Engagée dans les CUCS pour 6 ans jusqu’en 2012, pour plus de 100 Millions d’Euros, et dans le Renouvellement Urbain jusqu’en 2013 2014 pour plus de 215 Millions, auxquels s’ajoutent les fameux programmes européens intégrés (PUI) pour lesquels nous avons engagés près de 50 Millions complémentaires (sans même parler des 29 millions annuels sur le logement -dont la réhabilitation des logements sociaux), la région , donc, devra définir sa feuille de route avant fin 2012 dans un contexte complexe.
La réforme territoriale ne nous a pas désignés comme chefs de file ou même co-intervenants sur ces sujets (je pense au logement) qui pourtant sont cruciaux sur les plans économiques sociaux et environnementaux, alors qu’elle l’a fait pour le sport et la culture par exemple.
Il y a là une incongruité de mon point de vue, qui signe la mise à mort du logement social comme enjeu de solidarité nationale, compte tenu du désengagement de l’ Etat sur ce sujet.
Mais en même temps, sollicités par tous pour abonder financièrement, y compris par l’ Etat, nous savons qu’il n’y a pas d’aménagement du territoire pertinent sans logement ni politique des quartiers. Nous savons que nous devons jouer un rôle d’équilibre du territoire et de cohésion sociale.
C’est pourquoi la région, le Président en tête, a confirmé Vendredi 9 Décembre 2011 son engagement en faveur de la politique de la Ville.
LES THEMES D’ATELIER
Ils ne pouvaient pas être exhaustifs, nous n’avons donc pas traité de la sécurité, ou en tant que tels de la culture, du rôle des pères et du soutien aux mères, tous sujets pourtant importants. Mais les enjeux de recomposition, refondation, de la politique de la ville m’ont amenée (nous ont amenés) à déplacer la focale sur les grands objectifs dits de gouvernance ( objectifs généraux de solidarité, d’équité et de cohésion, objectifs humains, capitation citoyenne, convergence institutionnelle etc).
Atelier 1 : Quels modes d’intervention pour la politique de la ville de demain ? Pertinence des Zonages, raréfaction des financements, différences importantes existant entre grandes et petites agglomérations, complémentarité et gouvernance des interventions en question. Des solutions ’d’agglo" dépassant le zonage (Métro de Grenoble,grandes agglomérations) ont été évoquées, ainsi que la mise en question de la vision trop négative sur les quartiers qui sont aussi des lieux de passage et d’accueil efficaces, la réalité difficile des petites Communes hors zonage, l’existence de nouvelles pauvretés en milieu rural , ou encore la recherche de nouveaux financements (PPP pour le CESER), ou la gouvernance chez nos voisins Européens .
Une convergence, pour finir, sur la nécessité de mettre en place des politiques intégrées, et humaines.
Atelier 2 : Comment mieux favoriser l’insertion et l’emploi des jeunes ? Question cruciale à l’heure où en R.Alpes 100 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans ne sont ni en emploi ni en formation.
On y a évoqué des solutions, testées par la région (Plan raccrochage et mise à l’emploi : "SPRF, "CTEF", "Cared","PRE plus de 16 ans"), testées par les agglomérations (notamment le cahier des charges clauses d’insertion avec l’allotissement de la Metro Grenoble et St Etienne + Grand Lyon) , ou testées par des entreprises et par des associations d’insertion durables ou culturelles qui, toutes, prennent en considération les jeunes dans leur globalité.
La question de l’inadaptation des "cases" pour les projets professionnels individuels ou collectifs ont souvent été pointées. Les habitants ne sont pas interessés à avoir une aide "parce qu’ils sont d’un quartier" .
Atelier 3 : Bien vivre dans son quartier. Comment mieux favoriser l’implication conjointe des habitants et des institutions publiques ?
Exemples dynamiques de gestion durable (recycleries ressourceries et insertion, épiceries solidaires et jardins bio partagés) issues souvent d’associations : initiatives innovantes, mais qui peinent parfois à entrainer dans leur sillage les institutions pourtant majeures. Le services de proximité sont pourtant indispensables ! L’accès au "droit commun" nécessite souvent une médiation.
Ex Paroles de femmes qui fait de l’intermédiation avec l’ Education nationale, permettant ainsi à des mères de dialoguer avec l’institution, "capitation citoyenne".
La table ronde (après la synthèse des ateliers) : « Quel avenir pour la politique de la ville ? »
Le Grand témoin était Philippe ESTEBE, directeur de l’Institut des hautes études de développement et d’aménagement du territoire en Europe (IHEDATE). Il a notamment mis en question les statistiques de la ville, qui font l’impasse sur la mobilité des habitants qui sont remplacés par d’autres arrivants (plus pauvres souvent), a appelé à une "révolution statistique", et de regard (quitter le misérabilise).
On ne peut donc pas vraiment parler d’échec de la politique de la Ville .
La ville, la cité, SAS ou NASSE ? Un peu les deux.
Je pense que le risque de nasse croit quand les inégalités et le prix du logement augmentent proportionnellement aux revenus, et que si les cités peuvent être un lieu d’accueil, encore faut- il que les institutions se donnent les moyens de mise en sécurité suffisante des populations , et de vraies politiques éducatives ( intégrées ! )
Mais la Ville et ses quartiers peuvent bien être un lieu d’innovation sociale et de développement soutenable privilégié : de la même manière que certains lycées techniques privés ou publics sont des lieux d’innovation pédagogique, parce que les élèves obligent l’enseignant en quelque sorte à sortir de la routine, les quartiers suscitent parfois les meilleures interventions. Ainsi par exemple la ressourcerie- recyclerie de Villeneuve, qui a d’abord été soutenue par la région (par ma délégation) avant de gagner ses lettres de noblesse auprès des institutions locales.
Les quartiers des cités sont traversés par les mêmes questions sociétales qu’ailleurs, les enjeux de la planète pour les générations futures, et plus encore qu’ailleurs parfois : le prix de l’énergie, la cohésion sociale et l’intérêt et le bien communs, la necessité de s’organiser en tant que citoyens sont souvent des sujets plus vitaux.
Dès lors il ne faut pas s’étonner que leurs réponses puissent aussi être utiles à toute la société.
Le détail du programme de la journée est visible sur le site Politique de la Ville, sur lequel figureront les compte rendus fin Janvier en principe.
En 2012 ce travail devrait être prolongé par la région afin d’établir en partenariat les modalités et le contenu de la suite les CUCS. Et du PNRU2 (renouvellement urbain).
Entre temps, il y a notamment les élections.
lire le détail du programme en PDF sur le site
MO.N