Remise de diplôme aux opérateurs de l’ Economie sociale (dec.07)
REMISE DES DIPLOMES AUX OPERATEURS ET DIRIGEANTS DE L’ESS (Economie Sociale et Solidaire) FORMES PAR AROBASE, Hôtel de Ville de Grenoble .
REMISE DES DIPLOMES AUX OPERATEURS ET DIRIGEANTS DE L’ESS (Economie Sociale et Solidaire) FORMES PAR AROBASE
A la demande de certains participants, voici le contenu de mon intervention :
6 décembre 2007, 18h00, Hôtel de Ville de Grenoble
Intervention de Marie-Odile NOVELLI
Vice-Présidente du Conseil régional déléguée au Logement,
à la politique de la Ville et à la Solidarité
"Il peut paraître étrange de réaliser une remise de diplômes professionnels au sein d’un hôtel de ville, d’un des sièges de la République. Lorsque cela arrive, c’est la plupart du temps pour mettre à l’honneur le mérite des diplômés.
C’est évidemment le cas ici et je souhaite vous féliciter du travail accompli.
Mais, on peut aussi donner un sens complémentaire à votre présence.
En suivant ces formations, vous avez non seulement fourni un travail important qui mérite d’être salué, mais vous vous êtes aussi engagé dans une voie particulière.
Cette voie est celle de l’économie sociale. Au nom de la Région, je souhaite vous remercier de cet engagement. S’il est légitime que cette remise de diplôme se déroule à l’hôtel de ville, c’est aussi parce que par votre action dans l’économie sociale vous contribuerez à la réalisation de l’intérêt général.
L’ambiance en France est à la peur de la mondialisation, de la destruction de notre équilibre économique par le déploiement du productivisme et de l’ultra-libéralisme.
Face à cette crainte, plusieurs réponses sont possibles :
1) le repli frileux ou révolté qui n’améliore pas la situation
2) le renforcement de la compétitivité qui sauve l’économie nationale et contribue à détériorer la situation ailleurs
3) la promotion d’une économie qui permette à chacun de vivre convenablement, ici et ailleurs. Cette économie est celle que l’on nomme « sociale et solidaire ».
Cette 3ième voie est bien concrète : L’économie sociale et solidaire représente 10% des emplois salariés et 13,5% des établissements en Rhône-Alpes.
Mais elle manque de visibilité et encore de crédibilité auprès de l’opinion publique.
Il nous faut promouvoir cette forme d’économie, en parler, et surtout la faire vivre en démontrant ses avantages.
Depuis les années 80, un changement culturel s’est opéré dans l’opinion publique : d’un côté il y a une décrédibilisation des politiques sociales - assimilées à un assistanat coûteux et inefficace – et d’un autre côté une glorification de l’entreprise – avec la crainte sourde de la précarité et l’intensification du travail sans réelle contrepartie.
De fait, une bonne partie de nos concitoyens sont dans la peur de l’avenir : ils n’ont plus de certitude quant à leur insertion économique et craignent la disparition de l’Etat Providence.
L’économie sociale et un moyen de leur donner espoir.
L’économie sociale relève pleinement du secteur économique parce qu’elle se soucie de vivre en rendant des services avec une contrepartie financière, parce qu’elle recherche l’autonomie budgétaire sans dépendre totalement de subvention, ce qui nécessite d’être efficace.
L’économie sociale relève aussi pleinement du champ social parce qu’elle considère ses partenaires « clients » ou salariés - non sous l’angle de la seule rentabilité mais comme des êtres humains. Que l’on travaille dans une grande mutuelle ou une petite épicerie sociale, dans tous les cas on considère l’autre comme une personne responsable avec laquelle il est possible d’entretenir une relation favorisant le développement de chacun.
Même si cette 3ième voie se heurte à des cadres juridiques et économiques, même si elle reste mal connue, elle correspond à une aspiration d’une grande partie de nos concitoyens pour qui la production doit avoir du sens, et qui sont attentifs à ses conséquences sociales et environnementales.
Plus profondément, l’ ESS s’inscrit dans une démarche de transformation de l’économie actuelle, productiviste et peu soucieuse des finalités, et qui surexploite les ressources et met en compétition les individus et les territoires.
Ainsi, l’ indicateur économique majeur, le PIB ( produit interieur brut) ne tient - il compte que des activités à flux monétaires, sans se demander si ces activités peuvent être nuisibles ( la pollution). Par exemple, en cas de catastrophe, on comptabilise dans le PIB les frais de dépollution et de soins médicaux , mais pas les activités des bénévoles.
Pourtant la monétarisation de l’économie, sa transformation en une sphère autonome, hypertophiée, est récente au regard de l’histoire. Les formes d’économies sont plurielles, même chez nous , mais on ne le voit pas :
l’économie domestique, celle qui permet aux êtres humains et à la sociéte de se reproduire (en élèvant des enfants par ex,) est très importante, et essentiellement "bénévole".
Nous avons un double enjeu :
-contribuer à la cohésion sociale, à "réencastrer" l’économie dans le lien social, au lieu de rentrer en concurrence avec elle comme le fait l’économie marchande ; l’économie sociale et solidaire est un bon outil, fiable, pour cela.
-réincarner l’économie dans la planète terre, contribuer à sauvegarder notre milieu naturel au lieu de le détruire. L’ ESS y contribue de plus en plus même si ce centre d’intérêt est plus récent.
En conclusion, je vous indique que la Région Rhône-Alpes dispose d’une politique de soutien au développement de l’économie sociale et solidaire et que je reste à votre disposition pour faciliter vos démarches en ce sens."
M.O.N