ANNIVERSAIRES Politiques : le choc des valeurs

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Deux anniversaires emblématiques : La mort de Jean Moulin il y a 70 ans, et le scandale du Crédit Lyonnais - Affaire Tapie il y a 30 ans. Face au Libéralisme économique et aux jeux de partis qui minent le sens de l’intérêt général, il nous manque l’inspiration et le souffle de l’esprit de Liberté et de Fraternité d’après guerre.

Chronique : 2013, deux anniversaires emblématiques : I.La mort de Jean Moulin il y a 70 ans, et le scandale du Crédit Lyonnais - affaire Tapie il y a 30 ans ( Voir plus loin : II. Affaire crédit Lyonnais).
La coincidence de ces anniversaires constitue un choc de valeurs symboliques.

I.L’esprit de Liberté et de fraternité il y a 70 ans

Loin du Libéralisme économique et des jeux de partis qui minent le sens de l’intérêt général, l’esprit de Liberté et de Fraternité .


Il y a soixante-dix ans Jean Moulin sous l’autorité du général De Gaulle, unissait les différents mouvements de la Résistance à l’occasion du premier Conseil national de la Résistance. Arrêté quelques semaines plus tard par la Gestapo, il mourrait dans le train qui le transportait en Allemagne.
Il ne céda jamais, ni face à la tâche qui lui incombait, ni sous la torture des nazis.
Le discours de Mme Christianne Taubira, à lire un peu plus loin, lui rend un bel hommage et restitue bien l’esprit d’initiative, de courage, de collaboration positive et de sens du service public qui a présidé à la mise en place du conseil National de la Résistance.

Et hier Samedi à Lyon,
La présidente de l’association Franco-Britannique d’anciens combattants AFBAC Mme Liliane Prukop m’a remis la médaille d’officier "pour services rendus à la Nation, luttant toujours pour la justice et pour la Liberté".
Je ne relèverai pas le panégyrique * de Patrick Barruel Brussin AFBAC, mais revendique bien les valeurs.

Je suis par contre très touchée par les hauts faits et services rendus par les autres médaillés présents : Mme Yvette Segarra par exemple, elle qui transmettait à son instituteur, alors qu’elle avait à peine 12 ans, le journal résistant Combat mis dans son cartable par son papa.
Ou Vincent Boury, 5 fois champion paralympique, diplomé de Polytechnique Grenoble, aujourd’hui coach attentif.
Ou, encore, de Armand Stezzi, encore bien vif à son âge, qui, avec son père qui avait fui le régime fasciste, rendit de très bons coups de mains comme le dit le président Patrick barreur Brussin, aux résistants du secteur 7 Rhône isere et au bataillon Remi. Dès qu’il le pu, à peine ses 18 ans atteints, il s’engagea et participa à la campagne d’Autriche jusqu’en 45.

Francis Garcia s’est lui aussi engagé dans la résistance à 17 au Cheylard en Ardeche et fera avec courage les campagnes d’ Allemagne puis d’Indochine.

Cette séance solennelle s’effectuait sous le patronage de Nicolas Rongione, résistant Lyonnais aujourd’hui décédé et Père de dominique Rongione avec lequel je travaille sur les questions de handicap à la région Rhône Alpes. Patrick Barruel Brussin nous a raconté l’ anecdote qui décida de son internement en camp de concentration : N Rongione était bon cuisinier, et à ce titre, quoique prisonnier, bénéficiait d’une sorte de traitement favorable car les allemands avaient besoin de lui.
Alors qu’un gradé lui commandait de cuisiner une repas pour ses convives de marque, il apporta des plats composés en Bleu Blanc rouge. " Vous ne voulez pas non plus qu’on vous joue la Marseillaise ?" " Je n’y verrai pas d’inconvénient ! " (ou quelques chose d’approchant".
Il fut envoyé en camp. Lorsqu’il en revient, il pesait à peine 30 KG.

Extrait du Discours de Me Taubira garde des sceaux, en l’ honneur de Jean Moulin
"Nous avons commémoré la résistance, lutte pour la liberté, pour l’égalité entre tous les hommes et toutes les femmes, pour la fraternité entre tous. Les valeurs de la République étaient enfin victorieuses de la barbarie, qui a entraîné la France, pendant cinq ans, dans la domination, l’Occupation, la collaboration, l’humiliation, la déportation et l’extermination.
Dès les premiers temps de ces années de barbarie, des femmes et des hommes de ce pays ont dit « non ». Dès les premières années, ils se sont organisés, parfois individuellement, parfois avec quelques amis, puis, de plus en plus en réseau au côté du général De GAULLE. Son appel du 18 juin a permis le rassemblement des Français et de tous ceux vivant sur le territoire français et de l’Empire colonial, qui refusaient qu’une nation aussi lumineuse que la France puisse être éteinte sous la barbarie. Des femmes et des hommes se sont rassemblés dans les Forces Françaises Libres au côté du général De GAULLE et dans la résistance intérieure.
Comme ces femmes et ces hommes, Jean MOULIN fait partie de ceux qui ont dit « non » très vite.
ll a très vite décidé de ne pas se soumettre. Il s’est opposé dès juin 1940. Il a refusé d’obéir aux Allemands. Il a rejoint la résistance. Il a d’ailleurs été révoqué par le gouvernement de Vichy. Il a décidé de rejoindre le général De GAULLE à Londres. Le général De GAULLE lui a confié la mission haute, noble et difficile de rassembler la résistance intérieure. Il s’est attelé à la tâche. Il a effectivement réussi à rassembler les grands mouvements (Combat, Libération et Franc-tireur). Il les a réunis dans ces Mouvements Unis de la Résistance (M.U.R.). Il a fait en sorte que ces rassemblements préfigurent le Conseil national de la Résistance, qu’il sera le premier à présider.Le ministre des Anciens combattants vient de vous rappeler une date importante, celle du 27 mai 1943, qui caractérise la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR). Ce Conseil national de la Résistance pensera l’après-guerre. Il fera vivre les valeurs de la République. Il décidera de nationaliser l’électricité pour rendre l’énergie accessible dans tous les coins du territoire. Aussi loin que vive un citoyen, même dans un village reculé, il doit pouvoir accéder à l’énergie, à l’électricité au même tarif que celui qui vit dans une très grande ville. Le Conseil national de la Résistance a posé les bases des services publics majeurs, comme l’éducation pour tous. En France, c’était déjà le cas depuis Jules FERRY, et après avec Jean ZAY, mais déjà pensé depuis l’époque de CONDORCET.
Le Conseil national de la Résistance fera en sorte que l’ensemble du territoire soit occupé par des services publics mettant à la disposition de chaque citoyen, le savoir, la connaissance par l’éducation, la culture, mais aussi tous les services nécessaires à l’exercice de la citoyenneté, l’énergie, l’eau potable, etc. Le Conseil national de la Résistance a donc été créé à l’initiative de Jean MOULIN avec les autres résistants.


II.IL y a vingt ans, le scandale du crédit Lyonnais

Extrait de wikipedia .

Le Crédit lyonnais, alors propriété de l’État, ainsi que plusieurs de ses filiales sont au coeur d’une série d’enquêtes, menées par la Commission bancaire, concernant des malversations qui conduisent le Crédit Lyonnais à la quasi-faillite en 1993, à cause d’investissements massifs (dont ceux faits par le truchement d’une filiale aux Pays-Bas) perdus dans la Metro-Goldwyn-Mayer.
Un rapport parlementaire dénonce le système des avances et prêts à risques, notamment dans le domaine immobilier, qui anticipaient la plus-value envisagée sur ces opérations immobilières. L’affaire du Crédit lyonnais a mis en valeur certaines des causes financières de la crise du logeme
Le 5 mai 1996, alors qu’une plainte du Ministre des finances Jean Arthuis vise Jean-Yves Haberer, Président du Crédit Lyonnais, et Jean-Claude Trichet, Directeur du Trésor, le siège central parisien du Crédit Lyonnais est ravagé par un incendie qui soulève de nombreux doutes quant à son caractère accidentel, notamment en raison des multiples départs d’incendie ainsi que le fait que les archives du groupe au Havre sont également incendiées6. Le Crédit lyonnais sauve toutefois ses activités de marché grâce à une salle de marché de secours prête à fonctionner.
Dès 1994, l’Omnium Immobilier de Gestion (OIG) est créé pour reprendre un ensemble d’actifs compromis du Groupe Crédit lyonnais en difficulté, en particulier 41 milliards de francs de crédits immobiliers dont le remboursement est rendu aléatoire par la crise que connaît le marché immobilier depuis le début des années 1990. Ce portefeuille de créances est alors garanti par l’État français à hauteur de 12,4 milliards de francs7.

Articles détaillés : Consortium de réalisation et Établissement public de financement et de restructuration
L’OIG a une existence courte, le premier plan de sauvetage du Crédit lyonnais se révéle rapidement insuffisant et, dès 1995, un second plan plus vaste (environ 120 milliards de francs) doit être mis en place au travers du Consortium de réalisation (CDR), une structure de cantonnement et de défaisance qui reprend alors le portefeuille de l’OIG ainsi que pour 28,3 milliards d’euros d’actifs douteux et compromis du Groupe Crédit Lyonnais. Le principe consiste à séparer les actifs et créances compromis de la partie considérée comme saine. Les créances douteuses sont logées dans la filiale CDR, et cette dernière est ensuite cédée à un établissement d’État, l’EPFR, créé pour l’occasion. À l’issue de cette opération, le Crédit Lyonnais se retrouve amaigri mais avec un portefeuille assaini. De son côté, l’État récupère un ensemble d’actifs et de créances posant problème.

Article détaillé : Affaire Executive Life.
En 2005, le Consortium de réalisation (CDR), héritier du passif de la banque, accepte de payer 525 millions de dollars au département des Assurances de Californie pour mettre fin aux poursuites judiciaires dans le cadre de l’affaire Executive Life. Cette compagnie d’assurances américaine, au bord de la faillite, avait été rachetée dans les années 1990 par la MAAF grâce à un financement du Crédit lyonnais, mais la justice américaine considère que la mutuelle n’était qu’un prête-nom pour la banque, or, à cette époque, il était interdit pour une banque d’acquérir une compagnie d’assurance américaine.

Article détaillé : Affaire Tapie-Crédit lyonnais.
Fin 1992, Bernard Tapie devenu ministre souhaite vendre Adidas pour éviter tout conflit d’intérêt et il confie un mandat de vente au Crédit lyonnais. Le Crédit lyonnais a effectué un montage opaque par laquelle elle a revendu Adidas à une société écran offshore qu’elle contrôle avec une option de revente avec plus value à Robert Louis-Dreyfus. De plus, le Crédit lyonnais a saisi les actions de la société Bernard Tapie Finance que détenait Bernard Tapie et l’a mis en liquidation. Bernard Tapie estima que le Crédit lyonnais l’avait berné par ce montage opaque qui ne respectait pas les obligations du mandataire à exécuter le mandat de bonne foi dans l’intérêt de son client donc sans conflit d’intérêt. Il engage alors, avec le mandataire liquidateur de Bernard Tapie Finance et des actionnaires minoritaires, une longue procédure judiciaire qui s’est conclu en 2008 par la décision d’un tribunal arbitral qui lui octroie 285 millions d’euros de dommages et intérêts (dont 45 millions d’euros au titre du préjudice moral, ce qui est un record en France) plus les intérêts. Une somme de 405 millions d’euros non imposable a été versée peu après par l’état français qui a repris les dettes du Crédit Lyonnais à Bernard Tapie en exécution de cette sentence arbitrale. Les conditions de recours à cette sentence arbitrale ont été très controversées au niveau politique et a fait l’objet de plusieurs recours en annulation devant les juridictions administratives pour contester l’autorisation donnée par Christine Lagarde, alors ministre des finances, de recourir à l’arbitrage plutôt que la justice ordinaire. Tous ces recours devant les juridictions administratives ont été rejetés. De plus, une instruction de la Cour de justice de la République, compétente pour juger les ministres, vise Christine Lagarde pour rechercher d’éventuelles infractions pénales qu’elle aurait commise, elle est placée sous le statut de témoin assisté le 24 mai 2013 8. Dans un autre volet pénal non ministériel de cette affaire, Pierre Estoup, l’un des 3 juges arbitral est mis en examen pour "escroquerie en bande organisée"9. François Hollande envisage fin mai 2013 de réviser l’arbitrage de 2008

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* extrait discours de P. Barruel Brussin à l’occasion de la remise de médaille :
" Le recipiendaire que nous honorons est une femme d’exception parce qu’elle incarne le combat citoyen par définition et plus encore par choix éthique et moral.
Sa vie d’élue et sa vie professionnelle sont entièrement consacrés au mieux être des personnes dans le contexte urbain avec une vision sociale et solidaire qui réconcilie le citoyen et son environnement.
Fait rarissime qui en fait un récipiendaire atypique est que son grand père John William Heyward était britannique et qu’elle même est née à Sydney, en Australie.Elle est donc la plus Britannique d’entre nous.(..)."- discours de P. Barruel Brussin]