J’ai vu : "Littoral", pièce théatrale, et lu B. Cyrulnik

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Je viens de lire "parler d’amour au bord du gouffre" de Boris Cyrulnik/ / Je dirai un mot aussi de la magnifique pièce de théâtre de Wajdi Mouawad (Mise en scène de Magali Leiris) : Littoral

J’ai mis à profit les vancances de Noël, pour lire "parler d’amour au bord du gouffre de Boris Cyrulnik.
Je dirai quelques mots, aussi, de "Littoral", magnifique pièce de Wajdi Mouawad, que j’ai vue il y a déjà quelques semaines.

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J’ai lu "parler d’amour au bord du gouffre" de Boris Cyrulnik, éthologue, médecin et psychanalyste .
J’apprécie beaucoup son concept de résilience, qui scrute sans relâche les capacités de l’humain à surmonter les profondes blessures de la vie.
Ici, il est question du couple, deux personnes avec leur histoire, leur mode affectif, leur famille, leurs difficultés à être parent (on transmet sa manière d’aimer !). Avec, leurs fragilités mais aussi -toujours la résilience- leurs capacité à se reconstruire avec la rencontre amoureuse ("Le premier amour est une deuxième chance, le 2ème une troisième chance... Il n’y a pas de 4eme chance".)

Mais il dépeint aussi les « nourrissons géants » qui sont des jeunes élevés sans limites, qui parfois deviennent de jeunes tyrans domestique. Ceux ci sont isolés, étouffés d’affection (souvent parce que leur mère a peur de les "perdre"), non construits, et peuvent d’après B. C,. évoluer comme des carencés affectifs. Ils deviennent souvent passifs après une phase d’opposition, et très conformistes.
Malheureusment le phénomène est grandissant.
Autant B.C. insiste sur la capacité de résilience des traumatisés de la vie, autant il fait silence sur celle des enfants gâtés. Là est sa faiblesse à mon avis.
Son livre fait réfléchir. Notamment sur le rôle structurant de la frustration, que notre société oublie.
Mais, lorsqu’il fait implicitement l’amalgame entre Hitler (qui a eu, dit il une enfance dorée) et les bébés géants actuels, je pense qu’il exagère : tout cela me parait bien définitif, et en contradiction avec la philosophie de Boris C. (même s’il ne s’agit pas tant de philosophie que de science).
Je me dis cependant qu’il doit bien y avoir une voie de salut possible, vers l’autonomie, pour ces bébés du 21ème siècle, qui serait liée à l’apprentissage de la vie, qui a toujours ses douleurs ! Et aussi une planche de salut, lorsque la "pathologie " devient consciente ...
Peut être manque -t - on/ t’il encore du recul nécessaire pour suivre l’évolution des "bébés géants" ?
Ceci n’enlève rien à l’intérêt du livre.
MO.N

J’ ai vu Littoral, il y a déjà quelques semaines.

C’est une magnifique pièce de Wajdi Mouawad (Mise en scène de Magali Leiris) à l’Héxagone de Meylan.

Avec une mise en scène simplissime (quelques draps, les chants et percussions des acteurs...) et une très belle musique, Wajdi Mouawad réussit quelque chose d’unique : un conte épique, philosophique, sur la vie, qui est une quète du sens et une initiation de l’enfance à l’âge adulte, après un voyage qui fait découvrir les horreurs de la guerre.

Wilfrid est un jeune homme enfantin qui vit au Quebec et qui se réfugie dans le rêve. Il s’est d’ailleurs crée un compagnon, un chevalier protecteur imaginaire et burlesque, tout droit sorti du moyen âge.
Sa vie bascule soudain lorsqu’il apprend la mort de son père qu’il n’a jamais connu, revenu pour la fin de sa vie, tout près de chez lui, et , après un temps de panique, il décide de ramener son cadavre sur la terre de ses ancêtres,- qu’on soupçonne être le Liban- pour y trouver une sépulture.

- Un univers poétique et souvent drôle, qui ne renonce à rien, et surtout pas à poser des questions métaphysique à ce "dieu" qui ne daigne pas donner la clé de l’existence.

Mais un mouvement, irremédiable, aussi, vers la vie, la mer, et le littoral, celui qui sépare les mondes, le pays et les cultures mais aussi autorise les initiations pour grandir.
Un mouvement, où la folie due à la guerre meurtrière s’efface peu à peu gràce à puissance des relations humaines, celles des jeunes rencontrés le long du chemin, tous "cassés" et éprouvés par la vie, revoltés, pourtant.. mais qui tous découvrent qu’en unissant leurs douleurs, en hurlant les souffrances et les colères, en livrant leur âme sans pudeur, ils s’éclairent les uns les autres et trouvent des solutions.
Le père mort - qui dialogue avec son fils notamment sur la difficulté d’être père- aide finalement chacun à renaître à lui-même.
Un bel hymne de vie.

MO.N