"Un autre Monde", les 3 jours du Forum Libé à Grenoble

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Construire un autre monde exige de notre part une improbable Métamorphose ... Mais, comme le dit Edgar Morin, "Es muss sein" ! A part cela, j’ ai participé à 4 débats : Le RSA, les métropoles urbaines, les nanotechnnologies, les éco - taxes..Voici quelques réactions personnelles...


"Un autre Monde" les 3 jours du Forum Libé à Grenoble...

L a Métamorphose improbable...

Finalement c’est Edgar Morin, 87 ans, qui aura eu le dernier mot de ce forum sur la mondialisation, l’environnement et l’Europe *....
Un mot de philosophe et de sociologue, mais surtout de militant et d’ humaniste.
Une longue intervention, centrée sur les valeurs (c’est le privilège du philosophe) et non sur sur les moyens de la réalisation concrète. Un éclairage , au sens propre du terme, et à mon avis indispensable.
Dans un monde fini où les catastrophes sont plus que probables, avec des menaces (avérées) de guerres, de destruction de la biodiversité, avec les incompréhensions de toute nature qui sont les germes de violences destructrices, c’est le pire qui est probable...

Mais, rappelle t- il, le pire, justement, n’est jamais sûr... la preuve : le basculement de l’hivers 1941 où l’ Allemagne Nazie commence à perdre la guerre face à la Russie et où l’enchainement des évènements (dont l’entrée en guerre des Etats Unis) mène ensuite à la victoire ....

Donc il nous appelle à un sursaut salvateur, de l’intérieur mëme de la société..

Notre planète , vaisseau fou piloté par 4 pilotes incontrôlables (la science, la technique, l’économie, le profit), exige un singulier effort d’invention , pour reconsidérer la croissance et l’économie (le qualitatif plutôt que le quantitatif : "mieux vaut ajouter de la vie à nos années plutôt que des années à nos vies"), pour réunir et fédérer toutes les formes alternatives d’économies plurielle, pour promouvoir une réforme sociale (avec un véritable observatoire des inégalités...) ; elle exige d’opérer une mutation profonde afin de réformer la pensée, c’est à dire accepter la complexité ( par ex le fait que l’unité est inséparable de la diversité et les langues du "langage"), ne pas se contenter des experts, afin de réformer l’ éducation ( apprendre à devenir des étres humains qui sachent faire face aux difficultés et à l’incertitude, tout en ménageant l’amour, l’amitié...), afin de réformer la vie en Ville, dominée par le chronomètre, et , pour finir, afin de transformer l’éthique ... Une éthique qui sache réconcilier individualité et société (bien social) ainsi que dépassement de soi, dans le souci final de l’espèce humaine.

Une bien belle parole d’homme, un homme qui a eu une vie bien remplie...

La métamorphose humaine salvatrice est "improbable", mais elle doit être.
" Muss Es Sein ? Es Muss Sein !"

Il nous enjoint donc d’inventer une "métasociété", par une "métamorphose" de l’intérieur, comme la chenille se transforme elle même en papillon....

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*(qui aura réuni plus de 20 000 participants, plus que le match de foot, parait il...
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A côté les débats n’ont pas toujours eu cette flamme, qui sonne comme un passage de flambeau...

Je travaillais le vendredi, mais j’ai néanmoins participé sur le week -end à 4 autres débats :

Le RSA, les métropoles urbaines, les nanotechnnologies, les éco taxes..

I. Les nanotechnologies...
Débat un peu lénifiant, duquel la réalité locale était bannie.Comme si Grenoble et le CEA n’avaient pas engagé une politique particulièrement offensive de de développement des nano , et comme si la contestation locale n’avait pas existé.
Le point de vue des intervenants évitait soigneusement toute confrontation frontale, mais avait quelque hauteur (abstraite).
Habileté de la part de l’intervenant scientifique comme de la philosophe (dont je n’ ai pas, du coup, noté le nom !) appelée à remplacer en urgence J. Pierre Dupuis...
La salle s’est parfois lassée de cet échange "mou" , mais a - aussi parfois bien réagi au sens où certaines personnes, dans l’échange qui a suivi, ont interrogé l’absence de manifestations citoyennes équivalent à la création de la Criirad, qui a fait fait "pièce" à l’expertise monopolistique des pouvoirs français (CEA) en matière de nucléaire apès l’accident de tchernobyl ...
La question de la science et de la démocratie était posée, amenée du reste par une remarque de l’intervenante philosophe qui notait la relative bonne santé de la société face au projet de fichage "EDWIGE"..
Sauf qu’il est , sans doute, plus simple de réagir à une atteinte aux droits de l’homme, ou de mesurer des becquerels, que de developper une expertie indépendante sur les nanos...

Je suis intervenue brièvement pour informer de la constitution - en cours- de forces de débat et, sur les questions de sciences et démocratie, j’ ai renvoyé au site *vivagora.org/.


II. Le RSA , avec Martin Hirsch, bien sûr, mais aussi la responsable de Manpower France :
Françoise Gri, deux intervenants réalistes et à la pensée assez équilibrée.

Je pense que le RSA est une invention interessante qui permet de réduire (un peu) la pauvreté des travailleurs à temps partiel. Mais Il ne prend pas en compte la question des "oubliés de la croissance" (smicards à temps plein) via des négociations salariales- au moins-, ou une réforme complète de notre fiscalité- au mieux -. Il oublie aussi certains pans de la population (jeunes de moins de 25 ans dont certains sont en grande difficulté : SDF... ), ou rmistes en situation régulière mais étrangers ).
Ce qui m’ a marquée cependant c’est le fait que le RSA s’expérimente à" côté" des formes d’innovations régionales en matière de formation et d’emploi qui lient souvent, comme en Rhône Alpes, formation et entreprises , formation et insertion adaptée dans le monde du travail (par le biais d’un "contrat " entre l’entreprise et la Région tel le Contrat d’Aide et de Retour à L’emploi Durable :-CARED-)... .
Je l’ ai dit aux 2 intervenants qui en ont du reste convenu.
Evidement, j’ ai également posé la question des "oubliés du RSA" (ex les jeunes) et la question du risque éventuel de précarisation (temps partiels) et de frein au pouvoir d’achat en l’absence de réforme plus globale .
(Frein qui existe déjà : avec les effets de seuils liés aux exonérations salariales pour les bas salaires, les entreprises sont tentées de ne pas augmenter les salariés qui restent "sotchés" au SMIC)...
Martin HIRSH a répondu que l’évaluation menée dans les départements "volontaires" n’ a pas montré d’accroissement des contrats de travail à temps partiel, mais il faut- dit - il- que l’évaluation se poursuive en continu . Pour le reste, on comprend qu’une réforme plus globale ne soit pas dans ses compétences ,... Je ne suis pas sûre non plus que le PS, s’il était au gouvernement, aurait le courage de s’y atteler ! Pourtant, c’est vraiment indispensable si l’on veut agir pour un monde plus équitable... Et pourquoi taxer fortement le travail, au lieu de taxer les pollueurs, par exemple, ou les activités qui menacent la survie même de l’espèce humaine ? ( je ne prle pas de la planète, car la planète peut survivre sans nous, c’est ce qui arrivera si nous ne devenons pas acteurs du changement indispensable).

III. Ceci nous renvoie au débat (final) sur la fiscalité et les taxes écologiques auquel j’ ai participé.

Nous aurions pu aller plus loin si l’intervenant chargé de défendre les libertés individuelles avait évité la mauvaise foi ( il mettait en avant l’ IRPP -impôt sur le revenu- comme impôt modèle, et estimait qu’il n’en fallait pas d’autres, faisant mine d’oublier que l’ IRPP n’est pas l’impôt essentiel en France ! S’il n’y avait que cet impot là, nous n’aurions plus d’ Etat ou presque car il n’aurait presque plus d’argent pour le politiques publiques !)..
De même, il avançait l’argument d’absence de démocratie dans la prise en compte des décisions fiscales, ce qui peut être un vrai sujet, mais en oubliant le fait que c’est un problème géneral et que les taxes existantes n’ont pas été prise plus démocratiquement. La question de la démocratisation des décisions, évoquée dans chacun des ateliers auxquels j’ai participé, a donc été survolées dans celui-ci.

Néanmoins, Pierre Radanne , ancien responsable de l’ ADEME, compagnon de route des Verts, a clarifié le débat en rappelant les 4 fonctions différentes des taxes, notamment :

- fonction d’orientation (produire , consommer différemment), fonction de redistribution (fonction sociale) , fonction bouche trou (moyen de faire rentrer de l’argent à tous prix quelque soit le moyen, suffit de "l’habiller").
Mais il y a un objectif important, en économie, qui n’est jamais mis en avant par un autre parti que les Verts ( ou les écologistes) il s’agit de faire payer à l’activité ou à la production "son véritable coût". Il s’agit de rendre une forme de transparence et de réalité au marché.
Coùt pour l’environnement, coût que constitue la prise en charge de la dégradation du produit (recyclage, dépollution, émination du produit,) et coût de la matière première prélevée durablement sur la planète ! On paye l’extraction de l’uranium , pas la matière elle même, définitivement soustraite au sol africain (et aux africains) par exemple, on paye l’extraction du pétrole, pas la matière prise dans le sol, qui a mis des milliards d’années à se constituer...

Pour Pierre Radanne comme pour les Verts, une fiscalité doit être socialement juste. En ce qui concerne le pétrole, P. Radanne défend l’idée d’une taxe contracyclique, qui est + élevée quand le pétrole est bon marché (25 dollars le baril ds les années 90) et qui reste assez stable (pas plus élevée) lorsque il augmente bp afin de financer par ex les trasports en commun indispensables ;
Au delà, je pense qu’il faut une véritable réforme fiscale qui déconnecte salaires et impots, et qui soit une forme de redistribution sociale plus juste qu’aujourd’hui.

(A suivre, car je pars en mairie de meylan, et les jours suivants je suis au congrès des HLM, avant la session plénière à la Région où je propose notamment une délibération sur le handicap)...

MO.N