Energie

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Energies : enjeux, et position des Verts

ENERGIES


ENJEUX ET POSITION DES VERTS

l’energie pour le developpement ...un defi a haut risque

Toute activite suppose un echange d’energie, il n’y pas de developpement possible sans consommation et production d’energie. Le developpement des pays developpes n’a pu se faire que par la decouverte et le recours a des sources d’energie plus abondantes et plus puissantes.

Aujourd’hui des milliards d’hommes, jusque la tenus a l’ecart de ce mouvement veulent legitimement en beneficier. Ce developpement est une exigence incontournable ne serait-ce que pour eviter des tensions geopolitiques debouchant sur des conflits majeurs.

Mais ce developpement ne pourra pas se faire sur le modele de celui des pays deja developpes. Il faudrait les ressources de plusieurs planetes Terre pour que tous puissent mener un train de vie a l’europeenne.

Deja, la menace du changement climatique se manifeste avec la presence du nuage brun de pollution, a base d’aerosols et de particules, qui perturbe gravement le regime des pluies dans le nord de l’Inde, le Pakistan et l’ouest de la Chine. En cause, les emissions dues aux diverses combustions et a l’industrialisation.

Le developpement ne sera durable que s’il est sobre

Pour repondre a la double exigence de permettre le developpement des pays du Sud et de garder une planete vivable pour nous et nos descendants, la priorite absolue doit etre la maitrise de l’energie, la recherche de l’efficacite energetique, la sobriete.

Dans une etude " Un scenario Vert pour la France " nous avons calcule que les economies d’energie dans notre pays pourraient atteindre en 2020 le tiers de notre consommation actuelle, sans affecter notre qualite de vie.

La meme etude montre qu’il est possible en 25 ans de repondre a nos besoins, sans construire de nouvelles centrales electriques, uniquement avec des investissements dans l’efficacite energetique, le recours aux renouvelables et aux techniques les plus recentes utilisant les combustibles fossiles.

c’est dans les pays developpes, qui disposent d’un fort potentiel de recherche, que peuvent s’experimenter et se diffuser partout dans le monde les techniques performantes pour une croissance sobre.

Aujourd’hui, la France est en large surcapacite de production electrique dont elle a exporte en 2001, a perte, 18%. Elle n’a pas besoin de la production de nouvelles centrales avant 2020 (surtout si la duree de vie des anciennes est poussee jusqu’a trente voire quarante ans) et cela meme en l ’absence d’un programme volontariste sur les economies d’energie.

Apres le choix de l’Allemagne et de la Belgique de sortir a terme du nucleaire, apres la deconfiture economique de la filiere electronucleaire en Angleterre, la France est aujourd’hui isolee en Europe. Envisage-t-on que notre pays devienne le reservoir d’electricite nucleaire europeen avec, en prime, les lignes de transport a assumer, les dechets et le demantelement des installations laisses a nos petits enfants ?

Et c’est aux pays developpes de montrer la voie

Profitons de ces annees de repit pour lancer un vaste programme d’investissement dans l’efficacite energetique, les renouvelables et la modernisation du parc thermique actuel. Nous deviendrons ainsi exportateurs de technologies adaptees aux possibilites techniques et financieres des pays en developpement au lieu de se lancer dans la construction d’une nouvelle centrale (EPR) de conception deja depassee, couteuse car ne pouvant pas beneficier d’un effet de serie, inutilisable et invendable en dehors de quelques pays developpes.

Loin d’etre un retour en arriere, la maitrise de l’energie et la production d’energies renouvelables sont un formidable outil de progres. Elles sont fortement creatrices d’emplois, plus que n’importe qu’elle filiere traditionnelle. De plus ces emplois sont decentralises, ils font intervenir de nombreuses entreprises petites ou moyennes. Elles sont une chance pour revitaliser nos regions si les pouvoirs locaux peuvent et savent s’en emparer.

Pour cela un effort de recherche important est necessaire. Pas sur des perspectives chimeriques industriellement et economiquement comme la surgeneration, en echec depuis des decennies, ou encore celle de la fusion thermonucleaire controlee, qui absorbent des credits astronomiques avec un horizon de realisation sans cesse recule.

Cela suppose un reequilibrage important des credits de recherche presque totalement absorbes par le secteur nucleaire actuellement.

Le maintien d’une filiere electronucleaire, meme reduite en pourcentage continuera a absorber l’essentiel des credits de R&D et ne permettra jamais de faire beneficier les filieres alternatives des aides indispensables pour acceder a un stade industriel.

Cela suppose egalement dans un monde ou l’energie se vend et s’achete sur un marche liberalise que l’on ne confie pas les economies d’energie aux marchands de kWh. Vendre des negawatts doit etre l’objectif d’un service public.

Le nucleaire n’est pas la solution contre l’effet de serre

Par ailleurs nous contestons formellement la pretention de la filiere electronucleaire a contribuer de maniere significative et economique a la lutte contre le changement climatique dans le monde :

Le nucleaire ne peut intervenir que sur la fraction electrique (16% aujourd’hui) de la consommation d’energie dans le monde. Pour simplement eviter dans les vingt ans a venir la construction de nouvelles centrales au charbon, c’est plusieurs milliers de centrales nucleaires qu’il faudrait mettre en service. c’est completement irrealiste financierement et techniquement, sans parler des dangers que feraient courir la gestion des dechets, la proliferation de l’arme nucleaire et le risque d’accidents, d’attentats ou d’actes de guerre dans des regions instables politiquement.

Pour traiter l’effet de serre le plus simple, le plus propre, le plus sur, le moins cher et le plus createur d’emplois ce sont les economies, en particulier dans le domaine des transports.

l’Etat et l’Europe doivent s’engager pour la promotion des negawatts et des energies renouvelables...

Aujourd’hui, l’energie est produite, transportee et distribuee a l’interieur d’un marche liberalise. Dans ce cadre, l’interet des acteurs n’est certes pas de reduire la demande mais au contraire de la stimuler, quitte a promouvoir des usages aberrants comme le chauffage electrique ou l’usage des grosses cylindrees automobiles.

Seuls les gouvernements ou des instances supranationales comme la CE peuvent mettre en place des mecanismes et financer des institutions avec mission de service public pour promouvoir l’efficacite energetique et en controler les progres.

l’Europe a su creer l’Euratom pour promouvoir l’energie nucleaire. Nous attendons la fin de cet archaisme, compte tenu du desengagement de plus en plus de pays, et la signature d’un traite comparable pour la promotion des negawatts et des energies renouvelables.

Pour Cela les Verts demandent un " vrai " debat Pour ces raisons nous enregistrons l’intention manifestee par le gouvernement de promouvoir l’efficacite energetique et les energies renouvelables mais nous constatons :
dans les diverses rencontres l’absence quasi totale de defenseur d’un reel programme alternatif et la presence massive des operateurs deja en place, consideres comme etant seuls competents sur le sujet.

la reduction massive du budget du principal organisme de promotion des economies d’energie.

-les entraves innombrables mises a la realisation des programmes sur les energies renouvelables qui font aujourd’hui de la France la lanterne rouge de l’Europe dans ce domaine.

c’est la credibilite de ce debat national qui est en jeu si les pouvoirs en place ne nous permettent pas de presenter publiquement nos arguments et nos propositions.

Les Verts, le 7 fevrier 2003