Quels enseignements politiques tirer des élections ?

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Quels enseignements politiques tirer des dernières élections présidentielles et legislatives ?

Ecrit le 28 Juillet 07 , complété le 15 Août 07

Quels enseignements politiques tirer des dernières élections ?

La France a choisi Sarkozy. Dans la foulée, elle a donné une majorité à la droite, avec un contingent "honnète" d’élus socialistes. Impossible pour la gauche, et pour les écologistes, de ne pas s’interroger sur les causes de ce choix, sauf à s’enfermer dans une cécité suicidaire.

Pour l’écologie, les choses sont (à peu près) claires.
Avec l’urgence du rechauffement climatique, l’écologie s’est encore davantage "moralisée", socialisée. Avec deux conséquences dans notre contexte institutionnel :

-D’abord elle a semblé dépasser le clivage droite- gauche (cf l’épisode Hulot). L’enclavement des Verts à gauche a donc plus ou moins posé problème. D’ailleurs,-le politologue Stéphane Rozes le rappelait à Tours, où se tenait un rassemblement d’écologistes parmi lesquels Dany Cohn Bendit-, l’électorat des Verts est avant tout aisé/cultivé, Centre gauche et Centre droit." En donc en relative discordance avec le positionnement des militants.

-Ensuite l’appel à la responsabilité individuelle a été difficile à gérer, non pas chez les cadres salariés mais pour les classes populaires, qui ont déjà bien du mal avec l’insécurité du quotidien. En contradiction avec leur idéal, les électeurs acquis à l’écologie l’ont majoritairement « sous-traitée » aux présidentiables.

Le contexte français explique en parti le choix, parmi trois candidats arrivés en tête, de N. Sarkosi
Les "présidentielles" sont une élection à part en Europe, proprement "française". Comme le dit S.Rozes, "la question de l’incarnation politique est particulière en France où l’ Etat et la politique jouent un rôle plus important qu’ailleurs (En France par ex.l’Etat a historiquement précédé la Nation).
La politique en France a joué et joue un rôle central en terme de cohésion sociale et définit l’horizon commun.
L’horizon transcendant les individus a été le marché providentiel à droite, l’ Etat social à gauche, et l’ Europe comme avenir pour les deux camps."
Aujourd’hui, les lignes de fracture s’estompent. L’Etat est mis en cause et s’affaiblit, le marché est le réferentiel dominant . Et dans un contexte "où tout semble être en pilotage automatique, se sont les 3 candidats perçus comme étant en révolte contre cet état de fait, comme voulant réintroduire du politique, du pouvoir notamment national, qui ont émergé. N. Sarkozi rassurait plus par son côté bonapartiste."

Nous ne sommes toujours pas sortis , nous français, du système présidentiel mythique. - Nicolas S.apparait comme l’homme providentiel,et le corrolaire est que cela induira forcément des désillusions. [


Quel avenir pour les Verts ?

Si les Verts ont avant tout une implantation locale et ne s’incarnent pas dans l’imaginaire présidentiel, ils ont une spécificité intéressante : eux seuls offrent aujourd’hui de réduire l’écart entre idéal et pratique quotidienne. Sur le plan de l’ Ecologie, d’abord. Offrir des perspectives d’action concrètes à chacun, telle est leur vocation. Il nous faut pour cela refuser l’alarmisme, la culpabilisation, et mieux communiquer.
Sur le plan de la réduction de l’écart entre l’imaginaire politique français, qui a tendance à appeler l’homme providentiel, et la réalité de la responsabilité collective dans l’avancement de la société, ensuite. Stéphane Rosez ne l’ a pas dit, mais il me semble que là aussi, nous pouvons avoir un rôle à jouer. En agissant comme nous le sentons, en animateurs de la construction de la société plutôt qu’ en personnage(s) politique(s) providentiel(s). Et en proposant décentralisation "juste", perspective de remplacement à un Etat qui se délite, sans renoncer pour autant aux ojectifs de liberté, égalité, et fraternité (ce que la gauche n’ a pas réussi) mais en rajoutant celui de responsabilité (ce que la droite revendique).
Rien ne pousse encore les citoyens dans cette voie aujourd’hui en France : ni notre éducation, ni nos institutions. Celles ci ne proposent pas de co-élaboration des politiques publiques, par une juste représentation de la société aux élections (proportionnelle majoritaire par ex).
Nicolas Sarkosi le sait,du reste, et fort habilement, sans toucher aux institutions (s’il le fait, ce sera à la marge) il met autour de la table des gens d’horizons divers et donne l’apparence du consensus : Environnement,avec le "Grenelle", revenu de solidarité active, avec Martin Hirsch... Ce sont des mesurettes, mais qui innovent..suffisamment. Et lui font gagner du temps.
L’avenir dira si la société restera longtemps dupe de cet apparent consensus ou si elle mesurera rapidemment les inégalités croissantes, l’endettement non résolu, et l’absence de mesures fortes en matière d’environnement...
L’avenir dira aussi si le fondement de notre république, ses valeurs (liberté, égalité, fraternité) fait encore suffisemment consensus ou si le dawinisme social, matiné de croyance en une technocience individualiste et pseudo"libératrice" achève de mettre à mal toute la cohésion de notre société.
Il nous appartient d’affirmer ces valeurs "de gauche" tout en leur donnant un caractère opérationnel dans une décentralisation "équitable, des institutions renouvelées, et de remettre parallèlement la responsabisation de l’être humain au centre des processus,dans une perspective humaniste.

Avec qui travailler ?

Une "démocratie écologique" suppose une réforme institutionnelle favorisant une véritable démocratie, et des réponses claires à l’insécurité sociale et à l’urgence écologique. Elle suppose aussi de remettre le marché et l’économie monétaire à leur place,de favoriser des formes nouvelles de pratiques (telles que les scoop), ainsi que des comportements "nouveaux" vertueux : sobriété et responsabilité dans la consommation, coopération plutôt que concurrence... Le parti socialiste n’ a pas clarifié ses positions sur tous ces sujets. Le Modem non plus, sauf sur les questions de démocratie institutionnelles.(Peut être est - il moins embourbé dans des freins à la renovation). Il nous faut surtout travailler avec toutes les réelles bonnes volontés sans ostracisme. Sans omettre le temps de la réflexion. Notre civilisation occidentale, où sont nées la domination de l’ordre marchand et de la technique, "où la science occupe la place du vrai, jadis occupée par l’ église"*, nous échappe. Comme l’écrit J. Attali en introduction de son dernier livre, "la situation est simple : les forces du marché prennent en main la planète.... Si cette évolution va à son terme, l’argent en finira avec tout ce qui peut lui nuire, y compris les Etats.....La nature y sera mise en coupe réglée..Tout sera privé y compris l’armée. L’être humain sera harnaché de prothèses, avant de devenir artefact (...).Puis, l’homme ... disparaitra..." .
Cette issue n’est pas certaine. Il nous faut Agir, avec d’autres. C’est maintenant ou jamais.


Marie Odile NOVELLI

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