Energie : ITER,fusion des atomes, FAUSSE SOLUTION !

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

(art.complété le 7/01/07).
La fusion nucleaire* est elle l’avenir ?
Non, estiment Claude Allegre et Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique, qui pourtant ne sont pas "Verts".
Ils confortent ainsi la position prise par la region Rhone Alpes, qui a refusé d’etre candidate à l’accueil d’ ITER. C’était une des conditions des Verts à la participation à une liste commune au 2eme tour des regionales,et à un executif commun...

(art.complété le 7/01/07)
La fusion nucleaire est elle l’avenir ?

Non, estiment Claude Allegre et Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique.
Encore une fois, la critique contre l’atome emane des scientifiques eux memes. Comme la premiere critique du nucleaire, qui fut le fait de scientifiques travaillant dans le nucleaire... Et deciderent (avec d’autres : ecologues, groupes feministes, tiers mondistes et non violents) de fonder l’ecologie politique.

ITER ou l’espoir d’une nouvelle énergie liée à la recherche sur la fusion des atomes .

*ITER : "International Thermonuclear Experimental Reactor ". Voir Wikipedia, et notamment la partie problèmes scientifiques et techniques Wikipedia.org ITER (Objectifs/enjeux techniques et exemples de ces problèmes cités également en bas de cette page)

Le réacteur experimental Iter sera implante en France à Cadarache sans qu’aucune reflexion serieuse" n’ait ete menee " sur l’impact possible de ce gigantesque projet", estime le scientifique Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique 1991.

l’installation a Cadarache du reacteur a fusion nucleaire est une mauvaise nouvelle pour notre recherche , dit pour sa part Claude Allegre]

Raymond Sene, dans la Gazette Nucleaire numero211/212, janvier 2004, s’exprime egalement en ce sens.

I. Claude ALLEGRE

"Le president nous a annonce fierement que la France allait battre le Japon et obtenir le site du reacteur experimental de l’avenir, qui serait installe a Cadarache (Bouches-du-Rhne). Et tout le monde de se rejouir, surtout en Provence, ou les hommes politiques, fiers, ignorants et naifs, sont persuades qu’Iter (International Thermonuclear Experimental Reactor) va leur apporter richesse, prosperite et prestige !

Malheureusement, rien de tout cela ne se produira : Iter saignera a blanc les collectivites locales et affaiblira encore un peu plus le budget de la recherche francaise. Cout de l’operation : 12 milliards d’euros ! Iter est encore un de ces projets de prestige qui ont, dans le passe, epuise les finances de notre recherche. Ce fut d’abord la television haute definition, ensuite la construction du grand accelerateur national d’ions lourds (Ganil) a Caen, puis les vols habites dans l’espace et, enfin, la Station spatiale internationale. Resultats pour la science ? Rien, ou presque. c’est aujourd’hui le laser Megajoule, a Bordeaux, et Iter, a Cadarache.

On nous dit : Iter, c’est l’energie du Soleil, c’est extraordinaire, c’est l’avenir ! c’est ce que l’on disait deja il y a quarante ans, lorsque a commence le projet d’etude de la fusion controlee. l’idee de depart n’est certes pas ininteressante. Au lieu de fissionner des noyaux atomiques lourds pour obtenir de l’energie, comme dans les reacteurs actuels, on cherche a fusionner des noyaux atomiques legers pour obtenir encore plus d’energie. c’est la sequence suivie dans la fabrication des bombes atomiques. Apres celle, classique, d’Hiroshima, on a fabrique la bombe H, plus puissante, plus meurtriere, mais moins polluante (sic).

Toutefois, si l’on sait realiser la fusion de maniere explosive, on ne sait pas la controler. Et, depuis quarante ans, on tourne en rond. Des projets comme Iter, on en a installe a Princeton aux Etats-Unis, puis en Grande-Bretagne, mais on n’a jamais vraiment progresse, faute d’une idee scientifique innovante. Les Americains, autrefois moteurs de cette recherche - ils la financaient a 60% - l’ont abandonnee. Peut-etre participeront-ils a hauteur de 5% demain ? Ont-ils renonce pour autant a l’idee de maitriser la fusion ? Nullement, mais ils recourent a des methodes plus astucieuses et moins cheres.

Ainsi, dans l’une des dernieres livraisons de la revue Nature, une equipe americaine dit avoir realise une fusion nucleaire dans un cristal pyroelectrique avec un dispositif assez simple ! Ce n’est certes pas la solution, mais ce travail illustre un etat d’esprit. Aux Americains les astuces bon marche et les idees neuves, a nous les depenses somptuaires et inutiles ! Car Iter n’est pas un reacteur : c’est un engin destine a la recherche fondamentale, un engin qui offre peu de chances de reussite !

Si le gouvernement et la region Provence-Alpes-Cte d’Azur veulent depenser de l’argent pour la recherche, ce qui me rejouit, pourquoi n’ont-ils pas relance le reseau de genoples que nous avions cree avec les centres d’Aix-Marseille specialises dans la recherche medicale et pharmaceutique ? Pourquoi ne pas developper sur le site de Cadarache le reacteur nucleaire propre, sans dechets de longue periode, dit "de quatrieme generation" ?

Tout cela emploierait plus de personnes, serait plus utile pour la France, et nous eviterait de depenser nos deniers en achetant du materiel de haute technologie aux Etats-Unis ou au Japon...

Claude Allegre

II.Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de
physique 1991, atomise le reacteur ITER

Les Echos - Jeudi 12 janvier 2006 - propos recueillis par Chantal Houzelle

Recherche : le cri d’alarme d’un prix Nobel

Extraits :

Je trouve que l’on consacre beaucoup trop d’argent a des actions qui n’en valent pas la peine. Exemple, la fusion nucleaire. Les gouvernements europeens, de meme que Bruxelles, se sont rues sur le reacteur experimental Iter [NDLR : il sera implante dans le sud de la France, a Cadarache] sans avoir mene aucune reflexion serieuse sur l’impact possible de ce gigantesque projet. Quoique grand defenseur des grosses machines communautaires il y a trente ans, et ancien ingenieur du Commissariat a l’energie atomique (CEA), je n’y crois malheureusement plus, meme si j’ai connu les debuts enthousiastes de la fusion dans les annees 1960.

Pourquoi ? Un reacteur de fusion, c’est a la fois Superphenix et La Hague au meme endroit. Si, avec Superphenix [NDLR : un prototype de surgenerateur, dont l’arret a ete decide en 1997], on a reussi a gerer un reacteur a neutrons rapides, ce serait difficile a reproduire sur 100 reacteurs en France - ce qu’exigeraient les besoins electriques nationaux -, car ces installations reclament les meilleurs techniciens pour obtenir un resultat tres raffine dans des conditions de securite optimales. Et ce serait litteralement impossible dans le tiers monde.

Sans compter qu’il faudrait reconstruire une usine du type de La Hague autour de chaque reacteur pour pouvoir traiter sur site les matieres fissibles extremement chaudes, qu’on n’a pas le droit de transporter par voie routiere ou ferroviaire. Vous vous rendez compte de l’ampleur d’un tel projet !

Avez-vous d’autres reticences vis-a-vis du reacteur experimental Iter ?

Oui. l’une repose sur le fait qu’ avant de construire un reacteur chimique de 5 tonnes, on doit avoir entierement compris le fonctionnement d’un reacteur de 500 litres et avoir evalue tous les risques qu’il recele . Or ce n’est absolument pas comme cela que l’on procede avec le reacteur experimental Iter. Pourtant, on n’est pas capable d’expliquer totalement l’instabilite des plasmas ni les fuites thermiques des systemes actuels. On se lance donc dans quelque chose qui, du point de vue d’un ingenieur en genie chimique, est une heresie .

Et puis, j’aurais une derniere objection. Connaissant assez bien les metaux supraconducteurs, je sais qu’ils sont extraordinairement fragiles. Alors, croire que des bobinages supraconducteurs servant a confiner le plasma, soumis a des flux de neutrons rapides comparables a une bombe H, auront la capacite de resister pendant toute la duree de vie d’un tel reacteur (dix a vingt ans), me parait fou. Le projet Iter a ete soutenu par Bruxelles pour des raisons d’image politique, et je trouve que c’est une faute.

III. Voir http://www.dissident-media.org/infonucleaire/edito_iter.html
Iter, techniquement c’est que du bluff !


I) La fusion thermonucleaire, nouveau reve de l’homme : apprivoiser le soleil. Quel defi, mais que de bluff ! ! !

En fait de soleil, c’est plutot le miroir aux alouettes, ce bluff des nucleocrates s’appuyant sur le programme Atom for Peace et la prophetie d’Eisenhower faite a Geneve dans les annees 50, "l’energie nucleaire va fournir a l’humanite de l’energie gratuite en quantite illimitee".

Il s’agissait a l’epoque de l’energie de fission. Pour faciliter la comprehension des problemes, faisons un peu de technique.

La fusion consiste, a l’inverse de la fission (casser des "gros noyaux") a rapprocher suffisamment deux atomes legers pour qu’ils en donnent un plus gros (la somme des masses des produits finaux de la reaction etant plus faible que la somme des masses des produits initiaux, la difference est convertie en energie). Pour que cette operation de rapprochement presente un interet, il faut des conditions tres particulieres : envoi d’un grand nombre d’atomes (la densite) l’un contre l’autre, avec la plus grande vitesse possible (la temperature) et pendant le plus long temps possible (le temps de confinement). Avec ces trois parametres a ete defini un critere, le critere de Lawson, qui doit indiquer a partir de quand le systeme est cense fonctionner.

Depuis longtemps les physiciens nucleaires savent faire "a l’unite" ces reactions (deuterium + tritium), mais comment arriver a la fusion "entretenue" productrice d’energie ? Comment parvenir a utiliser ce fameux tritium sans tout contaminer ?

Donc que signifie fonctionner ? qu’appelle-t-on energie produite ? l’energie liberee par reaction multipliee par le nombre de reactions ou l’energie envoyee sur la ligne electrique, deduction faite de la consommation de la machine, sans oublier la cafetiere electrique de l’ingenieur de surete-radioprotection d’astreinte ?

A ce niveau apparaissent deux petits "details" permettant de faire comprendre les principaux mensonges concernant la fusion : elle utiliserait un combustible quasi illimite qui se trouve dans l’eau de mer et elle serait propre au point de vue radioactif :

- Le premier, et non le moindre, est qu’il faut non seulement du deuterium, l’isotope de masse 2 de l’hydrogene mais aussi du tritium, l’isotope de masse 3 de l’hydrogene, radioactif. s’il est possible d’extraire le deuterium de l’eau de mer (a quel cout energetique ? [*]), par contre le tritium, isotope radioactif de l’hydrogene de courte periode (12,26 ans) se trouve en tres faible quantite dans la nature, d’ou la necessite d’en fabriquer, en grandes quantites en faisant reagir les neutrons avec le fluide caloporteur, du lithium en l’occurrence. Puis il faudra l’extraire, le stocker avant de l’injecter dans l’enceinte en fonction des besoins.

Pour un reacteur de 1000 MW, 15 a 20 kg de tritium seront necessaires pour 2 a 3000 heures de fonctionnement ( 20 kg de tritium representent une activite de 200 millions de curies soit 7,4.1018 Bq, - des milliards de milliards de Bq). l’installation va donc etre contaminee par le tritium, car ce radioelement, tout comme l’hydrogene dont il a les memes proprietes physico-chimiques, diffuse facilement a travers les metaux et n’est pas du tout inoffensif pour la sante contrairement aux discours traditionnels.

- Le second est que les neutrons doivent traverser la structure de la chambre de combustion si on veut esperer recuperer de l’energie. Ces neutrons vont activer les materiaux, creant de tres importantes quantites de radioelements de periode plus ou moins longue. Sur le plan de la radioactivite, ces reacteurs, si un jour ils fonctionnent, n’auront rien a envier aux reacteurs a fission .
De plus, chaque annee une portion de l’enceinte, circuits magnetiques compris devra etre changee en raison l’usure tres rapide (environ 5 cm par an,) de sa paroi interieure et constituera un volume important de dechets de tres haute activite, de duree de vie plus ou moins longue.

En resume, ce type de reacteur, presente par ses promoteurs comme ecologique (!), sans dechets radioactifs (pas de "cendres" contenant des produits de fission) va produire une nuisance radioactive au moins egale, si ce n’est plus importante, que les reacteurs actuels.

Comprenons bien qu’il s’agit de la description futuriste d’un reacteur.

En effet, pour le moment les machines (JET, TORE SUPRA et meme ITER )ne sont pas des reacteurs et l’on n’a jamais employe de tritium dans ces appareils de recherche sauf dans le JET, au dernier moment juste avant de l’arreter definitivement. La raison en est la radioactivite. Il est en effet impossible de changer les parametres et de faire des recherches avec un appareil ou du tritium aurait ete injecte. Sa radioactivite et l’activation des materiaux de structure par les neutrons produits interdisent les acces pour manipulations et ce sont des robots qui feraient la maintenance. Or, ITER comme ses predecesseurs est un outil de recherche, pas un reacteur destine a fournir de l’electricite .

Maintenant ou en sont les recherches ? Regulierement, par le plus grand des hasards, au moment ou vont se decider les lignes budgetaires, la presse fait echo a l’annonce de percees technologiques sur un parametre essentiel. Mais les chercheurs oublient de preciser que ce record a ete obtenu au detriment des autres parametres. (Serait-ce un sujet de recherche, essentiellement de recherche de credits ! ! !)

Aujourd’hui les responsables du projet au Commissariat a l’Energie Atomique, assurent que la plupart des briques technologiques ont ete validees sur diverses petites machines, estimant que les risques technologiques se limitent a l’integration de toutes ces briques. Leur enthousiasme aurait du etre modere par la lecture d’un rapport presente devant l’Academie des Sciences fin 2001 par leur ancien Haut Commissaire Robert DAUTRAY (1). Il explique que la fission a pu se developper grace a " la linearite des phenomenes " car " tous les problemes scientifiques et techniques sont decouples par la linearite et peuvent etre etudies a part et simultanement dans des installations modestes ". Par contre " la fusion thermonucleaire, au contraire, est un phenomene fondamentalement non-lineaire, et ceci vis-a-vis de toutes les fonctions physiques en jeu Il faut donc explorer les uns apres les autres tous les niveaux de puissance, y decouvrir de nouveaux phenomenes ".
Sa conclusion est " pour le moment la fusion thermonucleaire ne peut pas encore etre comptee avec certitude parmi les sources industrielles d’energie n’est-ce pas plutot un sujet d’etude de physique important auquel il faut assurer un soutien constant, perseverant et a long terme, comme on le fait dans bien d’autres domaines de la physique dans le cadre general des recherches ".

Il est clair que pour un physicien c’est un sujet de recherche passionnant, mais il faut raison garder. Ce n’est pas demain que ce processus physique va contribuer au bilan energetique de l’humanite.
De fait il y contribue deja par le soleil, mais il s’agit la d’un confinement gravitationnel, et a moins de construire une machine de la taille du soleil
Ce qui n’est pas honnete c’est de faire croire, par media interposes, qu’il suffit de construire "la nouvelle" machine pour aboutir. Nous avons eu droit aux memes discours avant le lancement du JET (Joint European Torus, a Culham - UK), puis de TORE-SUPRA (Cadarache). Aujourd’hui il s’agit d’ITER.

En 1980, le directeur adjoint du JET, Paul Rebut ecrivait (2) : " Le but du JET est d’obtenir un plasma proche de l’ignition la puissance produite par la reaction D-T devrait etre alors voisine de 100MW. Atteindre cet objectif indiquerait que les problemes de base de la physique d’un reacteur thermonucleaire ont ete surmontes. ".

Aujourd’hui, en 2003, on annonce que le JET a produit 16 MW en 1997. 16 MW atteint pour un objectif de 100 MW, est-ce a dire que les problemes de base n’ont pas ete totalement surmontes ?
Et de toute facon ces 16 MW ne sont que l’energie stockee dans le plasma, pas un KW d’energie n’a ete recupere, et nul part on ne donne la quantite d’energie depensee pour obtenir ce resultat.
Puis nous pouvions lire dans la Revue Generale Nucleaire (janvier-fevrier) en 1991, sous la plume du Directeur des Sciences de la Matiere au C.E.A. " Des progres substantiels ont ete realises dans les problemes cles de la physique de la fusion que sont le confinement et le controle des impuretes qui regissent les divers processus de perte d’energie ". "l’objectif a moyen terme est la realisation d’un dispositif nouveau. Cet appareil aura necessairement une taille importante, sa puissance de fusion pourra depasser 1000MW. Malgre son cout eleve, sa realisation est indispensable pour apporter la preuve scientifique et technique de la disponibilite de la fusion. c’est l’aboutissement des recherches des 30 dernieres annees qui sans cela perdraient leur justification ."

Aujourd’hui, dans son rapport annuel 2002 (3), le CEA claironne a propos de TORE SUPRA : " en juillet 2002, le record mondial a ainsi ete atteint, avec 4 mn de duree de decharge, ce qui correspond a une energie extraite de 750 MegaJoules .",
Depuis TORE SUPRA a meme atteint 6mn de decharge ce qui correspond a 1000 Megajoules.
De quel parametre parle-t-on ? De quelle energie ? Pour le beotien, 750 Megajoules pendant 4 mn, c’est environ 3MW (et 1000 Megajoules pendant 6 mn c’est encore environ 3MW), donc pas de quoi pavoiser au vu des declarations precedentes. En particulier au plan energetique car ces quelques MW ont demande l’apport d’environ 10 fois plus d’energie (entre 45 et 70 MW).

Et pour en finir avec le sujet, le CEA ecrit dans ce meme rapport : " Toutefois, apporter la demonstration de la faisabilite scientifique de la production d’energie par la fusion, necessite la construction d’une installation plus grande c’est le projet ITER. "
Les arguments n’ont pas change, est-ce dans un souci d’economies ?
En matiere de fusion thermonucleaire il n’y a pas urgence sauf celle de faire un reel bilan des recherches menees depuis plus de 40 ans.

En tout etat de choses, il serait beaucoup plus approprie d’investir massivement dans un programme d’economies d’energie par la mise en oeuvre de procedes industriels moins "energivores" et d’utilisations rationnelles et pertinentes de toutes les sources actuellement disponibles.

Raymond Sene, Gazette Nucleaire numero211/212 , janvier 2004.

(1) "l’energie nucleaire civile dans le cadre temporel des changements climatiques". Rapport a l’Academie des Sciences. Robert Dautray. decembre 2001
(2) "l’energie thermonucleaire". Cycle de conferences Bernard Gregory. Paul Rebut. 21 octobre 1980
(3) CEA, Rapport annuel 2002 (voir egalement www.cea.fr )
[*] Dans un texte du CEA j’ai lu recemment que la quantite de deuterium contenue dans un litre d’eau de mer "donnait autant d’energie que 300 litres de petrole". Il faut combien de litres de petrole pour extraire le deuterium contenu dans ce litre d’eau de mer : electrolyse puis separation isotopique (ou vis versa), et il aura fallu combien de litres de petrole pour produire un egal nombre d’atomes de tritium ?
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III) Les mensonges des nucleocrates pour lancer l’electronucleaire en France
(ITER : plus fiables, plus sur, moins polluant, une energie presque inepuisable... aller, rappel sur les mensonges des nucleocrates pour lancer l’electronucleaire en France.)
Des l’irruption de l’energie nucleaire en 1945 le nucleaire civil a ete presente comme l’energie de l’avenir, abondante a l’infini, parfaitement sure, une energie sans dechets.
En France l’electronuclearisation prend une acceleration spectaculaire en 1974 (alors qu’aux USA les industriels sont mefiants et prudents). Le dossier nucleaire qui est presente aux elus et a la population est des plus rassurants. Des scientifiques reputes se portent garants, tous les problemes sont ou seront resolus. Le corps medical quant a lui assure que les rayonnements ne presentent aucun danger.
La precipitation du programme EDF de 1974 prenait pretexte de la crise petroliere. En realite la nuclearisation de la France se preparait depuis fort longtemps par la mise en place des les annees 50 d’une Commission gouvernementale pour la "Production d’Energie d’Origine Nucleaire" (Commission PEON) constituee de representants de la technocratie de l’Etat et de l’industrie privee. Cette commission a defini le cadre et les responsabilites des differents partenaires nucleaires : l’Etat et les industriels.
l’activite de cette commission n’a guere eu d’echo dans les medias ou dans les institutions representatives de la nation.
La technologie nucleaire etait totalement maitrisee , tel etait le credo de base du dossier de l’energie nucleaire en 1974. Elle devait servir de reference de perfection technologique dont toutes les autres industries devaient s’inspirer. Il en decoulait que :
1- les accidents graves n’etaient pas possibles. Les reacteurs n’etaient finalement que des "cocottes-minute" (Interview accordee a Enerpresse le 25 janvier 1975 par Andre Giraud, administrateur general du CEA puis ministre de l’industrie, puis ministre des armees). A la meme epoque en URSS les responsables sovietiques de culture differente de la ntre assimilaient les reacteurs a des "samovars".
2 - EDF garantissait une securite absolue par la mise en place de sa "defense en profondeur". Une "triple barriere" entre le combustible et l’environnement devait assurer la protection de la population contre tout rejet intempestif.
Cela revenait a reconnaitre la possibilite d’accident sur les installations puisqu’il fallait des "barrieres" de protection mais cela ne fut guere remarque.
3 - Les effets biologiqes du rayonnement etaient consideres comme negligeables, voire inexistants et meme benefiques pour les faibles doses de rayonnement.
l’existence d’un seuil de dose en dessous duquel il n’y avait aucun effet biologique etait largement admise par la communaute scientifique. Les quelques chercheurs independants qui contestaient ce seuil n’eurent guere d’impact et furent mis sur des listes noires sans que leurs collegues protestent au nom de la liberte de discussion dans la communaute scientifique.
4 - l’existence supposee de ce seuil [bien qu’il fut affirme par ailleurs que par mesure de precaution on dirait qu’il n’y en avait pas] etait a la base de tout le systeme de radioprotection et servit de justification a des pratiques qui eurent des consequences desastreuses (cancers) dans bien des services de recherche et dans l’industrie.
5 - Les dechets ne devaient pas poser de probleme. Les rejets radioactifs des reacteurs nucleaires n’etaient pas evoques et dans l’opinion publique ils n’existaient pas.
En ce qui concernait les coeurs uses certains ont meme affirme qu’une bonne partie pourrait etre utilisee comme medicaments (cela aurait transforme l’ensemble de la population en site de stockage ! ) Quant a ce qui n’etait pas utilisable leur volume serait negligeable (l’equivalent en volume d’1/100eme de cachet d’aspirine par habitant au bout de dix ans d’apres le Professeur Pellerin, le responsable de la sante). Des solutions seraient trouvees en laissant travailler tranquillement les chercheurs du CEA. Des scientifiques (Le Prince-Ringuet sur ce sujet etait en pointe) avancaient la possibilite d’envoyer ces dechets dans le soleil, de les mettre sur la calotte glaciaire, de les introduire subrepticement entre les plaques continentales en glissement. Il serait assez curieux de ressortir cette litterature "scientifique" fantasmatique.
Il faut tout de meme preciser que parmi les decideurs il y avait des gens beaucoup plus realistes, soit sur la gestion des dechets nucleaires, soit sur la possibilite des catastrophes nucleaires. Mais ils furent suffisamment discrets et les medias suffisamment peu curieux pour que cela ne perturbat pas le consensus populaire.
Donnons-en deux exemples :
- Les dechets nucleaires.
En 1974 la revue Science et Vie publiait une polemique entre le physicien Hannes Alfen (prix Nobel 1970) et Marcel Boiteux, directeur general d’EDF, considere comme le pere du nucleaire francais.
Ainsi, Alfen affirmait : " Le reacteur a fission produit a la fois de l’energie et des dechets radioactifs : et nous voudrions nous servir maintenant de l’energie et laisser nos enfants et nos petits-enfants se debrouiller avec les dechets. Mais cela va a l’encontre de l’imperatif ecologique "Tu ne legueras pas un monde pollue et empoisonne aux generations futures" .
A cette position morale, sans nier qu’il n’y avait pas de solution satisfaisante pour eliminer les dechets, le responsable du programme nucleaire francais, Marcel Boiteux repliquait : " n’est-ce pas une evidente et dangereuse illusion que de vouloir extirper de notre heritage toutes difficultes, toutes responsabilites, que de vouloir transmettre a nos descendants un monde sans problemes ". En somme, on pouvait considerer l’absence de solution pour eliminer les dechets nucleaires comme une benediction pour nos descendants, une garantie de sante mentale. Marcel Boiteux a du se rejouir en 1986 car Tchernobyl allait laisser un heritage particulierement difficile a gerer et pour longtemps...
- Les accidents nucleaires graves
Avant de s’engager serieusement dans des programmes electronucleaires importants, les industriels, gens prevoyants et prudents, exigerent d’etre assures contre les effets d’accidents graves qu’ils estimaient possibles. Ils firent voter des lois limitant la responsabilite des exploitants nucleaires en cas d’accident. Des 1957 le Congres des Etats-Unis votait une loi (le Price-Anderson Act) qui limitait la responsabilite civile des exploitants en cas d’accident nucleaire ; une nouveaute dans le droit de la responsabilite civile.
En Europe, le 29 juillet 1960 etait signee la "Convention de Paris" par 16 pays europeens definissant la "responsabilite objective et exclusive" mais " limitee " [souligne par nous] en cas d’accident grave nucleaire. Il s’agissait d’apres les termes de la convention de prendre " les mesures necessaires pour eviter d’entraver le developpement de la production et des utilisations de l’energie nucleaire a des fins pacifiques ".
c’est en 1968 (loi du 30 octobre 1968) qu’ont ete precisees en France les modalites de l’application de la convention de Paris.
Il est interessant de mentionner l’intervention au Senat le 17 octobre 1968 de M. Pierre Mailhe, le rapporteur de la commission des lois :
"Des l’instant que les hommes, dans leur quete incessante du progres, avaient libere des forces d’energie depassant tres largement les donnees de la science jusqu’alors connues ou a peine explorees, il tombait sous le sens que leurs nouvelles activites devaient etre reglementees (...). Ce domaine des activites humaines etant, a beaucoup d’egards, exceptionnel, il n’est pas surprenant que la legislation qui s’y attache soit elle-meme exceptionnelle et, dans une large mesure, derogatoire au droit commun de la responsabilite ". On s’attend a un ajustement du droit a ce nouveau risque pour une protection correcte de la population. " La notion de l’exceptionnel nous est donnee par la dimension que pourrait atteindre ce qu’on appelle " un accident nucleaire", a la verite un desastre national, voire international "[souligne par nous] (J.O du 18 oct. 1968, p. 831).
Cet elu de la nation avait la premonition de Tchernobyl et d’une version francaise possible. Avec le droit sur la responsabilite civile admise habituellement, l’accident nucleaire pouvait se doubler d’un desastre financier pour l’industrie nucleaire. Il fallait a tout prix eviter un tel "desastre". Il est probable que la Commission PEON n’a pas ete etrangere a l’introduction de cette responsabilite "limitee" prealable au developpement de l’industrie nucleaire en France.
Lors de la discussion de cette loi le 2 avril 1968 a l’Assemblee Nationale, Maurice Schumann, ministre d’Etat charge de la recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales, precisait dans son expose des motifs que " l’exploitant d’une installation nucleaire est seul responsable des accidents nucleaires survenus dans son installation ". Cela garantissait une immunite totale aux sous-traitants en cas de malfacon grave non detectee lors de la construction. Il semble bien que ceux-ci ne se sentaient pas capables d’assumer une technologie totalement parfaite. Le Price-Anderson Act americain ne prevoyait pas une telle limitation et les fournisseurs de composants de reacteurs pouvaient etre tenus pour responsables au meme titre que les exploitants.
Cette loi de 1968 fut modifiee le 16 juin 1990. Elle precisait dans son article 3 que " le montant maximum de la responsabilite de l’exploitant est fixe a 600 millions de francs pour un meme accident nucleaire ".
Fixons quelques grandeurs. l’incendie du siege du Credit Lyonnais en 1996 a coute 1,6 milliards de francs aux compagnies d’assurances. En clair, une catastrophe nucleaire devrait couter moins cher a EDF pour indemniser les victimes qu’un demi-incendie du Credit Lyonnais !
On peut remarquer, tant en ce qui concerne les dechets nucleaires, que les accidents desastreux de l’industrie nucleaire, qu’il y avait une vision assez claire et realiste de la situation chez les decideurs, que des mesures ont ete mises en place pour permettre a l’industrie nucleaire de se developper a l’abri de toute responsabilite mais que cela n’a guere transpire dans le debat nucleaire. Les textes existaient, aucune censure ne s’est exercee mais les instances representatives de la democratie francaise les ont ignores, voire etouffes, afin d’obtenir un large consensus de l’opinion publique, garantie d’un developpement sans probleme de l’industrie nucleaire. Ceci est une des composantes majeures du bas cout du nucleaire francais en comparaison avec ses concurrents etrangers. c’est ce qu’affirmait cyniquement Marcel Boiteux le patron d’EDF le 6 decembre 1984 dans l’Evenement du Jeudi. A la question " Mais pourquoi les autres pays ont-ils reduit la fabrication des centrales nucleaires ? ", il repond " Parce que chez nous le nucleaire est bon marche, alors que les pays qui n’ont pas pu pour des raisons diverses resister aux attaques de la contestation, le nucleaire est devenu tres cher ".
La contestation fait monter le prix de l’electricite nucleaire, exigeant une reglementation pointilleuse, le respect de cette reglementation et des autorites de surete ayant un reel pouvoir sur les exploitants. l’absence de contestation permet une exploitation des installations avec de faibles contraintes. La France est devenue le reve des promoteurs du nucleaire du monde entier. Pendant longtemps ce fut l’URSS qui eut ce privilege jusqu’a la survenue de Tchernobyl.
Marcel Boiteux, en lancant le programme d’electronuclearisation massive de la France, n’excluait pas l’eventualite du "pire", il l’admettait. Dans la polemique evoquee plus haut, (datant de 1974) Hannes Alfen precisait : " Il n’est pas exact de pretendre que les reacteurs offrent une securite parfaite, parce qu’il n’existe pas de produit technologique qui soit sur, ni de technicien infaillible. Il n’est pas loyal de pretendre que les accidents de reacteur doivent etre acceptes de la meme maniere que les accidents de train ou d’avion, etant donnees les consequences beaucoup plus graves d’un accident de reacteur ".
Marcel Boiteux tres au fait du dossier nucleaire ne refutait pas les arguments de Alfen sur la possibilte d’un accident nucleaire catastrophique. Il repliquait : " Jamais la crainte du pire n’a retarde longtemps l’humanite ".
Non seulement Marcel Boiteux ne craignait pas le pire mais il se voyait en representant de l’humanite. c’est ce genre de personnage qui fit la loi nucleaire en France avec l’accord et meme le respect des pouvoirs politiques et l’indulgence des medias.
Enfinnotre pere du nucleaire francais avait une vision assez lucide de l’impact que devait avoir son programme nucleaire sur l’organisation sociale par les contraintes inevitables sur la vie des citoyens. Marcel Boiteux, toujours dans l’article de Science et Vie de 1974, precisait : " Il est certes peu attrayant de s’acheminer vers un monde ou un strict controle des activites dangereuses s’imposera de plus en plus aux nations et aux individus. Mais n’est-ce pas le sens constant de l’evolution d’aller vers une complexite et une organisation croissantes ? ". Et il ajoutait cyniquement " Et, si paradoxal soit-il, n’est-ce pas la la condition d’une plus grande liberte "interieure" ".
Ainsi pour lui les contraintes sociales qu’impose l’industrie nucleaire aux individus seraient la condition pour leur "liberte interieure". Vive la liberte interieure dans une societe nucleaire policiere. Ce representant de l’establishment nucleaire avait parfaitement conscience du slogan jadis lance "societe nucleaire, societe policiere". Curieusement c’etait pour lui la condition de notre liberte interieure. Concernant notre liberte "exterieure" il ne donnait aucune precision...
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*Quelques extraits choisis de Wikipedia :

-1. Les 2 principaux objectifs techniques d’ITER

* Le premier est de générer une puissance de 500 mégawatts en n’en consommant que 50, durant 400 secondes (6 minutes 40 secondes). Le record mondial est, à ce jour, de 16 mégawatts générés pour une puissance fournie de 25 MWatt, durant 1 seconde, réalisé par le Tokamak anglais JET.
* Le second objectif vise à maintenir les réactions de fusion dans le plasma pendant au moins 1000 secondes (16 minutes 40 secondes). Dans ce cas, pour 50 mégawatts fournis, seuls 250 mégawatts seront produits. Le record mondial est, à ce jour, de 6 minutes et 30 secondes, réalisé par le Tokamak français Tore Supra.

2.Problèmes :
D’après les physiciens Sébastien Balibar, Yves Pomeau et Jacques Treiner
, la mise en œuvre d’un réacteur à fusion à l’échelle industrielle suppose de résoudre préalablement trois problèmes :

* maîtrise des réactions de fusion, particulièrement d’une réaction auto-entretenue ;
* production massive de tritium ;
* invention d’un matériau résistant aux flux de neutrons (produits par la fusion) pour les enceintes de confinement.

Le tokamak ITER ne s’attaque qu’au premier problème. L’installation International Fusion Materials Irradiation Facility a été incluse dans le projet pour l’étude de la résistance des matériaux aux neutrons de 14 MeV.

Certaines critiques portent sur l’intérêt d’investir un tel budget
dans un programme de recherche qui, s’il aboutit un jour, ne portera ses fruits que dans plusieurs dizaines d’années.
Des physiciens, bien que favorables à l’énergie nucléaire, estiment qu’il est prématuré de construire ITER alors que des « verrous technologiques » n’ont pas été levés : « On nous annonce que l’on va mettre le Soleil en boîte. La formule est jolie. Le problème, c’est que l’on ne sait pas fabriquer la boîte », observe le physicien Sébastien Balibar, de l’École normale supérieure .

Neutrons rapides :

Le Prix Nobel de Physique japonais Masatoshi Koshiba exprime des réserves au vu des problèmes posés par les neutrons rapides : « dans ITER, la réaction de fusion produit des neutrons de grande énergie, de 14 MeV (mégaélectronvolts), niveau jamais atteint encore. […] Si les scientifiques ont déjà fait l’expérience de la manipulation de neutrons de faible énergie, ces neutrons de 14 MeV sont tout à fait nouveaux et personne à l’heure actuelle ne sait comment les manipuler (...) S’ils doivent remplacer les absorbeurs tous les six mois, cela entraînera un arrêt des opérations qui se traduira en un surcoût de l’énergie » réf. nécessaire.

# Le tritium est un élément radioactif de période courte, mais son danger vient du fait que lorsqu’il est libéré accidentellement, il s’insinue partout, ce qui crée un risque d’accident du travail grave. La quantité maximale de tritium prévue dans les stockages « à long terme » entre deux essais se monte à 1000 g. citation nécessaire
# La détérioration rapide de la chambre de confinement, évoquée ci-dessus par le professeur Masatoshi Koshiba, imposerait des remplacements réguliers et produirait une quantité importante de déchets radioactifs.