AVIS sur le Plan Climat de la métropole ( PCAET) Décembre 2019

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Ce PCAET marque un progrés en matière d’outils concrets, avec des indicateurs de resultats ; mais à mon avis il n’intègre pas assez l’enjeu d’information et d’implication des habitants et des communes. Par ailleurs, il ne tient pas compte des veritables emissions de GES ( dont on est à l origine en faisant faire AILLEURS des objets et produits ce qu’on achète ICI) et ne rassure pas non plus en ce qui concerne le maintien des espaces agricoles...

Remarque générale :

le précédent PCAET restait relativement imprécis et faisait - de mémoire - peu de place aux objectifs précis et aux indicateurs de résultat, ce qui n’est pas le cas de celui ci : il marque à mon avis un progrès. Les résultats du précédent, loin d’être négligeables étaient liés principalement aux progrès de l’industrie et aux politiques mises en place à différentes niveaux de décision (national, local..). Au regard des objectifs à atteindre, ces progrès sont néanmoins insuffisants.

1.Les Emissions de Gaz à Effet de Serre ( GES ) ont diminué sur le territoire de 25 % entre 2005 et 2016, essentiellement dans le secteur industriel ( -43 %) contre - 2% pour le le bâtiment , -6% pour les bureaux et -7% pour les transport.
La proposition de ce plan est d’atteindre une réduction de 50 % des GES sur le territoir notamment par une diminution des GES dans l’ habitat et le tertiaire. Des propositions assez précises sont faites pour réduire les émissions directes sur le territoire, comme d’augmenter .

Mais ce sont les émissions indirectes ( fabrication en amont, importations, transports..etc) qui sont les plus importantes ( le rapport de diagnostic n’en faisait pas mystere)- et qui ne font pas encore l’objet de politiques publiques. On peut commencer modestement mais sûrement, en favorisant, via les marchés publics, les circuits courts...

2. Evaluation et choix stratégique

- La plupart des secteurs et domaines correspondent à plusieurs objectifs du plan climat (ex pollution de l’air ou GES, prévention des risques) ce qui complexifie singulièrement l’approche.
Néanmoins, on peut se dire que plus un axe propositionnel apporte des réponses à plusieurs objectifs, à la fois, plus il est clairement intéressant, et plus il convient de le mettre en valeur pour opèrer des arbitrages stratégiques visibles.

2 exemples :
⁃ Les espaces de nature, de forets etc ont aussi un rôle à jouer en matière de prévention des risques ( absorption des inondations, ruissellements, stabilisation des terrain glissants..) un indicateur un peu syncrétique ne pourrait il pas être construit afin de mieux percevoir les enjeux d’un espace x ou y ?

⁃ En matière agricole : l’objectif de quasiment tripler et passer à 30 % d’agriculture en bio est intéressant , notamment parce qu’il répond à plusieurs objectifs : réduire les émission de GES d’une part , et réduire la pollution de pollution de l ‘air d’autre part ( pesticides). Or je ne crois pas que l’ analyse de la pollution de air en matière de traitement agricole ait été prise en compte. Pourtant les pesticides par exemple ne s’arrêtent pas aux frontières communales. ( La question de l’utilisation par les particuliers est par ailleurs aussi un problème qui pourrait faire l’objet de pédagogie).

-  Concernant ces deux secteurs (espaces naturels et agricoles), les indicateurs de résultats pourraient être plus précis et complets : p. 96, l’indicateur « nombre de milieux naturels acquis » ne permet pas a priori de faire un bilan final espaces crées moins espaces supprimés = ?.
La question se pose aussi en matière agricole, où le PLUI augmente ( un peu) les espaces agricoles - soit par compensation soit en figeant la destination du sol. Mais comment / qui effectue le suivi à chaque transaction remis de construire etc ?
- Elle se pose, encore, par rapport aux indicateurs de resultats à préciser pour les zones de regroupement de transport de marchandises avec acheminement par des vehicules moins polluants.

3. Information Communication implication des habitants :

beaucoup de nos concitoyens ignorent qu’il existe des aides au changement de chauffage, méconnaissent certains ilots de fraicheur de leur territoire, ne savent pas comment rafraichir une façade exposée pleine sud, surtout en copropriété)…L’information, la mise en place d’outils ou de lieux ressources très concrets, et visibles sur les communes ou très relayées par les communes, est ainsi essentiels.
Quelques exemples :
⁃ Qualité de l’air /aides au changement de chauffage :
La métropole veut d’atteindre en 2030, en moyenne sur le territoire, le seuil défini par l’Organisation Mondiale de la Santé ce qui en termes de concentration annuelle de particules fines, correspondant à une réduction de moitié du nombre de décès imputables à la qualité de l’air !.
Or, 55% des émissions de particules sont dues au chauffage au bois individuel. On estime qu’il existe entre 10 000 et 15 000 appareils (cheminées ouvertes, poêle…) datant d’avant 2002 en activité sur le territoire. C’est assez peu finalement ! Mais c’est néanmoins très polluant !
Remplacer son appareil de chauffage au bois ancien par un nouveau, doté du label “flamme verte 7 étoiles” est donc essentiel.
Pour cela il faut au moins deux choses :
- des aides suffisantes de la Métropole (elles ont beaucoup augmenté)
- une conscience que c’est vraiment un problème. Et là il y a encore du travail à faire. Il faut faire un gros effort. Sinon, on continuera d’accumuler du retard.

D’une façon générale, les enjeux de santé sont majeurs, et les actions encore à construire sur ce plan.
Il me semble que ce n’est pas parce qu’ on manque d’études fines - bien qu’il faille les faire - qu’il faut attendre pour agir, on peut agir en marchant, regrouper ,diffuser les informations, impliquer des groupes de citoyens.
⁃ exemples : ilots de fraicheur : qui mieux que les habitants peut connaitre le territoire ? Reperer et signaler les ilots existants, mais aussi les ilots de chaleur ? Si on attend tout de l’expertise extérieurs, on n’a pas fini…

⁃ En ce qui concerne l’isolation des bâtiments tant contre le chaud que le froid
Nous avons ici un enjeu de massification. Pour éviter la climatisation, il faut commencer tout de suite.
Pourquoi pas un appel à manifestation d’interet (AMI), pour lutter contre la chaleur l’ Eté ou pour lutter à la fois contre le froid l’hiver et la chaleur l ‘été ? Cet AMI serait à destination de groupes de citoyens et d’artisans, par exemple ... Ces derniers me semblent un peu oubliés dans le plan climat.
Il faut favoriser les synergie pour expérimenter, mais aussi pour donner de la visibilité…