DIMANCHE : ELECTIONS PRÉSIDENTIELLES, 1ER ROUND

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Pas de Liberté sans un un minimum de choix. Or, avec F. Fillon face à M. Lepen au 2eme tour - mathématiquement la gauche éclatée et discréditée (*) ne peut aujourd’hui passer devant LR - je n’aurai le choix qu’entre la droite sectaire et la droite extrême. Je préfère la droite classique.

Je pense donc que j’irai voter Dimanche pour A.Juppé, parce que notre système électoral ne nous offre pas d’autre solution** pour obtenir une représentativité plus juste et plus équilibrée du souhait majoritaire des français ( et parce qu’il y aura aussi un vote des sympathisants du FN identitaire de R. Alpes séduit par la droite identitaire que capte Fillon). Fillon a eu au 1er tour un peu moins de deux millions de suffrages. Et il serait avec cela le président potentiel des 40 millions d’électeurs ?


*Changer notre système représentatif :

- Le 2ème tour de la primaire à droite devient le 1er tour de la présidentielle, faute de système électoral apte à capter les « 2èmes choix » majoritaires, à capter ce qui ferait le plus consensus : Il est urgent, pour travailler cette question, de commencer à étudier Condorcet et les systèmes Australien et Irlandais, mais aussi Allemand, qui sont moins clivants, moins facteur de décohésion que le nôtre. Globalement, on ne peut pas dire que les choix binaires ( Elections présidentielles au USA, et bientôt présidentiel en France, Referendum Brexit en GB) soient de grandes réussites démocratiques. Au travail !

- Mais avoir un système représentatif correct, c’est aussi avoir des représentants qui nous ressemblent suffisamment et ne bénéficient pas de privilèges excessifs
 : les anciens ministres par exemple tels que Fillon, malgré son affirmation hier soir au débat- benéficient encore aujourd’hui (en plus des gardes du corps) d’un chauffeur, d’un assistant et d’une voiture tous frais pris en charge alors qu’ils ne sont plus en fonction. Cf Mediapart du 8 Fev 2016 qui a obtenu ces information de Matignon après avoir saisi la CADA.

La droite classique est - elle plus républicaine que la droite sectaire-identitaire ?
Oui, (brièvement)

-au niveau des valeurs :
- elle porte moins atteinte au vivre ensemble (je ne reprends pas les affirmation intolérantes de F. Fillon face aux minorités, sa conception de la colonisation (un « partage de culture » !) ....)
- aux principes de solidarité nationale (sécurité sociale) et d’universalisme : Juppé refuse de reserver la sécurité sociale pour les longues maladies et les maladies graves, et de "privatiser les soins ordinaires" (de transférer des dépenses de l’assurance maladie vers les complémentaires) comme le préconise F Fillon. François Fillon effectue le choix le plus coûteux et le plus inégalitaire et met ainsi sans sans tambour ni trompette un terme au système de Solidarité Nationale issu du consensus d’après guerre.
- au principe d’égalité : A Juppé refuse, au nom de la justice, le projet de F. Fillon qui obliger les fonctionnaires à travailler 39 heures payées 37h.

Nos valeurs fondent notre cohésion sociale, y déroger est lourd de conséquences ** .

Parmi les valeurs qui fondent ( parfois trop implicitement) la cohésion Européenne, figurent encore les droits de l’homme : sur ce plan aussi, F. Fillon est sereinement transgressif dans sa complaisance avec les dérives dictatoriales ( Poutine,Erdogan) ou les crimes ( Bachar El Assad).

Au niveau de l’emploi :
- La purge proposée par A. Juppé est moitié moins féroce : il veut réduire de 250 000 le nombre de fonctionnaires tandis que F. Fillon, veut en supprimer 500 000 (ce qui signifie qu’il barrera dorénavant la route de la fonction publique aux jeunes).

- Au niveau de l’économie, de la fiscalité et du budget  :

F. Fillon fait filer les deficits, réduit les charges des entreprises mais augmente la TVA de deux points ce qui touche fiscalement essentiellement les ménages, dont mes plus pauvres. Moins de pouvoir d’achat, plus d’investissement dit -il. Mais comment , s’il pénalise aussi les collectivités qui sont les premiers investisseurs ? Et comment garantir que la défiscalisation des entreprises sera affectée à l’investissement et à l’emploi ? Pas un mot hier soir.
A Juppé n’augmente "que "d’un point la TVA... Ca n’est pas une politique miraculeuse, loin de là ! C’est juste moins pire.

En résumé, F. Fillon promet d’aggraver les tensions sociales, la dé-cohésion, et les blocages, au delà du supportable.
Je ne vois qu’un seul parti en situation d’être au 2eme tour capable de faire pire en matière de clivage , et d’instabilité : le Front National. Mais le FN, aujourd’hui parti "attrape tout" , promet bien davantage de mesures sociales. Il peut donc séduire face à Fillon, qui promet purge et austérité, du moins tant que les clivages économiques et sociaux qui le traversent ( FN du Nord/FN du Sud) n’écalatent pas au grand jour.

Les questions
Qui mettra en place une flexi- sécurité juste, un système de formation efficace, une répartition du travail qui tienne compte de l’évolution de la société ( informatisée, robotisée), et avec qui ?
Qui proposera (et avec qui) la révolution industrielle, sociale, environnementale apte à intégrer les enjeux climatiques ?
Qui permettra à la société riche de talents et d’énergie d’exprimer le mieux ses atouts ?***

Juppé est moins angoissant, mais ça n’est pas l’avenir ! Fillon encore moins.
Comme le dit Pascal Canfin, bienvenue dans le monde d’hier !

Alors, participer aux primaires, est ce la solution ?
Je pense que la primaire (les primaires) ouvertes offrent finalement un peu d’air dans un système stupide qui amène les électeurs à subir plus que choisir un président issu d’un parti, et qui représentera au mieux 8 à 10 % des Francais ( 15 à 20 % des électeurs) car il ne reste pour le deuxième tour que deux candidats en lice ; sans tenir compte du fait que souvent c’est un 3eme candidat , que les électeurs auraient placé en position 2 s’ils l’avaient pu, qui aurait finalement le mieux remporté l’adhésion. Car les candidats incarnant fortement un parti peuvent en effet être aussi les plus clivants, donc in fine les moins majoritaires....
Gràce aux primaires (aux débats televisés, à la presse..), on a au moins des éclaircissements sur les programme proposés. Comme le vote préférentiel n’existe pas ( on ne peut pas voter pour celui qu’on préfere, mais aussi en deuxième position pour celui qu’on accepte ), les différentes primaires ouvertes permettent aux participants d’effectuer une sorte de choix préférentiel : voter pour le moins pire à droite, puis pour le meilleur à gauche et/ ou chez les écologistes (puis celui qu’on accepte ) , ou inversement si l’on est de droite...
Ainsi, la primaire me semble s’installer un peu par défaut dans un système binaire excluant, et au départ assez peu démocratique.
Les primaires seraient cependant plus interessantes si chacune d’entre elle permettait elle aussi un vrai choix préférentiel ! !
MO.


*Pourquoi la gauche est elle "plantée" ?

Le quinquennat de F. Hollande, en termes de resultats publics , n’est pas une catastophe :
- réduction des déficits,
- avancées pour les entreprises moyennant transfert des charges sur les ménages aisés, pas les menages très modestes,
- réduction (in fine cette année) du chômage, mais, nuance de taille, pas depuis 2012, et pas de réduction de la précarité
- de nombreuses petites avancées sociales :
- cela va de la prime pour l’emploi pour les petits revenus
- à la garantie jeunes (avec généralisation du dispositif en 2017),
- au 1/3 payant, avantageux pour le citoyen sinon pour les finances et moins inégalitaire ( même si la philosophie reste encore curative + que préventive et consommatrice de médicaments pas tous indispensables- )

Et, concernant la vie quotidienne, l’implication , la responsabilisation et la reconnaissance des "simples citoyens ", des avancées notables telles que :
- la loi Hamon qui protège mieux le consommateurs ds le secteurs des assurances, et les "classes actions" (actions de groupe)
- la reconnaissance de l’Habitat Participatif en tant que « démarche citoyenne » par La loi ALUR de Duflot (mars 2014)
- la participation des habitants instaurée par la Loi Lamy en politique de la Ville (quartiers)et la "mobilisation du droit commun"...
...
Ces trois derniers exemples concernent le volet 1 du mandat, plus à gauche... Ensuite, tous ces ministres sont partis !

- Il faut admettre en réalité qu’il y a deux gauches [comme il y a (aura) 2 FN, 2 droites.] Le reconnaitre serait plus simple pour le débat public .
La 2eme gauche (plus à gauche) est globalement plus sensible à l’écologie , sachant qu’il existe aussi une écologie au centre gauche ( Corinne Lepage).
La 1ère gauche s’approche du centre . Là aussi, une clarification s’impose.
F. hollande n’est pas à gauche, il est au centre gauche. Son tort est de participer à la confusion générale qui empèche les Francais de voir le glissement à droite de toute leur classe politique jusqu’à la droite dure aujourd’hui, son tort est de ne pas avoir été clair, et d’avoir "plombé" l’idée même d’accord à gauche, en envoyant promener l’accord programmatique PS-EELV- sans pour autant assumer un positionnement centre gauche  : pourquoi ?
De même, il n’a pas assumé de vouloir réduire les déficits. Pourquoi ?
Cette volonté n’avait rien de scandaleux, qu’on l’apprécie ou pas, elle indiquait une direction, ce qu’on attend d’un leader.

Et là sans doute touche -t-on au problème crucial de ce quinquennat : un problème de leadership, de clarté de courage, de vision. Il en faut pour indiquer le chemin et l’expliquer.
Il faut aussi prendre du recul, ne pas avoir les mains dans le cambouis , ne pas confondre son rôle avec celui du 1er Ministre.
Et là, on retombe sur les problèmes institutionnels !

Demain peut-être, avec F. Fillon, la France connaitra des décisions économiques récessives lourdes, et des conflits sociaux majeurs.
On aurait bien aimé l’éviter, par ce qu’en France, si l’on compare à d’autres pays, ça n’allait pas si mal que ça pour la grande majorité des Français.
Il y avait et il y a encore des difficultés persistantes pour des populations insuffisamment prise en compte, en milieu rural, en milieu urbain, qui méritaient et qui méritent largement un gouvernement "plus social".
Mais un gouvernement plus à droite ? ...
François Fillon porte un programme socialement réactionnaire et économiquement libéral. Conservateur au plan des valeurs, mais placant le business bilatéral avec les pays étrangers au dessus si necesaire. Ca tombe bien, ces pays sont souvent également très conservateurs. Du repli identitaire au nationalisme, tout est une question de degrés.
Avec l’élection de Trump succedant au Brexit, nous constations que la démondialisation avait commencé. Rien de surprenant, il y avait bien des choses à redire, et des tri à faire : l’autosuffisance alimentaire par exemple, est indispensable (ainsi que le fait que chaque pays doivent correctement gérer chez lui ses déchets par exemple). Mais il serait absurde de ne pas réflechir et d’analyser ce qui se passe . Or aujourd’hui, ce glissement s’effectue subrepticement, par réaction affective et instinctive aux problèmes d’emploi, de revenus, de rechauffement climatique,sans permettre de mettre sur la table ce qui pose vraiment problème. Le nationalisme, puis le repli, puis le racisme, n’ont jamais favorisé la prospérité, mais plutôt jusqu’ici conduit à ds guerres.


**sur ce sujet, voir notamment ma contribution initiale au CNV - Conseil National de Villes : http://www.vertsregion.org/spip.php?article1392).


*** Le contraste est saisissant entre les capacités d’innovation sociétale et humaniste des entrepreneurs sociaux , économiques, intellectuels et artistiques...de la France , tels que j’ai pu les expérimenter en Rhône Alpes, lorsque j’étais élue, et les freins politiques dans les institutions.
Malgré le conservatisme relatif d’ Alain Juppé, je note qu’il agrège autour de lui les quelques personnes les plus innovantes ou ouvertes de LR (ne soyons pas exigeants) (NKM, Pécresse, Chantal Jouhanneau...). La garde de Fillon me fait frémir !