Intervention lors du Débat d’Orientation Budgétaire du Conseil de Meylan

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Conseil municipal du 8 Février 2016, intervention de M.O.NOVELLI,
Conseillère municipale Ecologiste de AIMeylan : QUELS ENJEUX COMMUNAUX EN MATIÈRE DE DEVELOPPEMENT DURABLE, INNOVATION, COHÉSION SOCIALE ? Propositions...

Le débat d’orientation budgétaire (DOB) doit permettre, à partir des données budgétaires, de fournir le cadre, le sens, de l’action politique municipale et de les prioriser. Le sens de l’action municipale n’apparait guère dans ce Rapport d’Orientations Budgétaires, comme si les décisions importantes se prenaient ailleurs, qu’il n’y avait pas de lien entre l’action nationale ou régionale et l’action municipale, entre le local et la planète.
En réalité, nous le savons, nous sommes confrontés aux plus graves défis de notre histoire humaine : réguler le changement climatique dont le genre humain a été la cause, donner une place à chaque être sur la planète, réencastrer l’économie dans les relations sociales*, et les relations sociales dans la biosphère. Notre survie est en jeu et c’est une responsabilité inédite.

J’insisterais sur les enjeux communaux en matière de développement durable et d’innovation, étant entendu que le Développement Durable met au centre de ses préoccupations qualité de vie et santé, équité et solidarité sociale, participation citoyenne, ainsi que responsabilité de l’environnement et efficacité gestionnaire.
Il analyse les effets de chaque euro dépensé sur l’environnement, le développement local durable, la re-localisation d’activités, la cohésion sociale et la démocratie. Un exercice difficile mais motivant !

Première remarque : sans avoir ce niveau d’exigence, on notera que depuis deux ans les orientations municipales sont quasiment absentes sur le plan du seul “environnement”. Si je compare avec les O.B. de 2012, qui n’avaient rien d’exceptionnel, je note qu’ont disparu : la référence à une politique d’économies d’énergie, le soutien à l’opération « mur – mur » en direction des copropriétés, « L’ action en faveur de transports en commun structurants, “L’accessibilité pour les Pers.Handicapées et l’entretien du patrimoine », la “ Réhabilitation des espaces publics et Esp. Verts d’Inovallée” dans le cadre d’une « politique pour l’économie et l’emploi » (depuis la MIE a disparu alors que la Ville de la Tronche, ex-membre de la MIE a municipalisé l’action soutien à l’emploi de ses habitants)…

Les orientations budgétaires de Meylan doivent pouvoir concilier deux enjeux : respecter ou améliorer la qualité de vie des Meylanais, et ménager l’avenir : conjuguer l’intérêt immédiat local et l’intéret global à long terme pour les générations à venir. A cet égard, les questions de biodiversité, de lutte contre les pollutions de l’air et de l’eau, de réduction des gaspillages et des consommations énergétiques , de cohésion et d’innovation sociale, et de créations d’emplois, sont cruciales.

Nous proposons à cette fin :

1°) La mise en place d’indicateurs pour nos investissements, prenant en compte les enjeux climatiques de long terme et leurs impacts en termes d’emplois locaux afin de mettre en lumière ce que chaque centaine ou millier d’euros engendre comme utilité environnementale économique et sociale.** (** ex. une politique régionale - que j’ai voulue cohérente- du logement social et de rénovation thermique a permis d’éviter environ 70 000 tonnes d’équivalent CO2 et de créer plus de 4 000 emplois).

2°) Le renforcement des trames vertes et bleues et de la biodiversité, qui offrent une vie de qualité, et la fin de la tendance municipale actuelle à la diminution des réservoirs communaux de biodiversité faunistique et floristique. Viendra le jour où nous ne pourrons plus appeler le chemin du vieux chêne par son nom car.. il n’y aura plus de chênes ! Je rappelle que « Les arbres partagent avec les autres plantes vertes la capacité de purifier l’air que nous respirons en absorbant, le gaz carbonique et les métaux lourds (...) et nous restitue l’oxygène.(..).

Comment faire ?
⁃ Il suffit par exemple d’améliorer les pratiques de taille des haies et des arbres, voire de les espacer, de reprendre la politique de création de jardins familiaux et partagés, (par exemple il n’y en a aucun dans le quartier des Aiguinards, riche en friche) et d’utiliser le CINE pour l’éducation de tous à l’environnement. Ceci ne devrait rien coûter.

3° Proposition : développer l’innovation sociale et environnementale des entreprises et de l’institution communale

Comment ?

• En nouant des partenariats d’acteurs avec Inovallée, les syndics de copro-priétés, les entreprises engagées dans le domaine de l’environnement etc … Et la société civile. Ceci ne demande pas d’investissement financier notable.

• En mobilisant des aides nationales et régionales ou européennes :

exemples :
• On peut s’étonner de ce que Meylan n’ait répondu à aucun Appel à Manifestation d’Intéret (AMI) "TEPOS" par exemple (Territoire à Energie POSitive) de l’ ADEME et de la région R.A. (auj. Auvergne), et ne valorise pas non plus ses écosystemes naturels pourtant très enviés.
• Les bâtiments en construction à Inovallée se contentent de respecter (officiellement) la règlementation thermique R2012 déjà considérée comme obsolète alors que des incitations financières existent.

financement :
Mais, et même s’il n’y a pas eu désir de profiter de la rénovation et de la mutation d’Inovallée pour produire de l’énergie renouvelable
• -répondre à un AaP : Appel à Projet européen FEDER par exemple, pour produire des Energies Renouvelables…
•-Inovallée pourrait aussi être encouragée à engager une expérience d’économie circulaire (AAP) en liant énergie, numérique, et valorisation des déchets
( tout particulièrement les DEEE, déchets éctroniques).

• - Encourager la formation d’entrepreneurs locaux et des citoyens à l’éco-conception. Et pourquoi pas un atelier partagé fabrication numérique (fab Lab, éco-design à partir d’objets et matériaux recyclés qui peuvent susciter des vocations d’inventeurs ?)
Coût  : associations et cotisations.

4° Proposition
Développer l’exemplarité de l’institution communale en matière d’économie circulaire, et de réduction des consommations et GES (Emissions de Gaz à Efftes de Serre, déjà évoquée pour inovallee), et en matière de transversalité : ex. lier éducation par le sport et insertion des chômeurs en mettant en synergie les services délégués concernés ( = coordonner et adapter le Droit commun aux usagers).

- 5° Proposition :
Mieux impliquer les usagers dans décisions d’aménagement en mobilisant leur expertise d’usage
Coût : très faible, management (j’en ai fait l’expérience à la région sur le handicap ).

- 6° Proposition :
Faire contribuer les élus délegués au OB et au BP (je plaisante à peine). Coût : zéro

- 7° Proposition :
Mettre en place un agenda 21 authentique (donc) participatif, source de cohésion et d’intelligence collective. De nombreuses collectivités l’on mis en place),
. • Financements ?. Chercher les mutualisations locales ( les aides nationales et régionales)

La cohésion sociale est bien l’autre enjeu majeur auquel nos société sont confrontées au-delà du changement climatique issu de nos actions.

Elle suppose en particulier l’existence de grands intégrateurs que sont le partage de valeurs, et le Travail. La sécurité, quant à elle, est la condition de nos valeurs : de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. Elle ne peut être le but ultime de l’existence, sauf à renier notre condition d’humains.
Mais dans le monde que nous avons créé ou laissé se créer, le lien social n’est plus considéré comme prioritaire par rapport à la production de richesse, car ce monde met au premier plan la rationalité économique compétitive et la liberté de faire des profits. Cette société reconnait difficilement la valeur de l’être humain. L’être humain est surtout un coût. Certains êtres humains ne valent plus rien : il faut peser ces mots, dans un pays qui a le plus fort taux de suicides de jeunes en Europe, qui est recordman de la consommation de psychotropes. Dans notre monde actuel, il faut robotiser, informatiser, réduire le plus possible le nombre de salariés et de fonctionnaires, de caissières ou d’éducateurs. Il « faut » par consq. créer de plus en plus de chômeurs. Comment dans ces conditions donner une place à chaque être humain sur la planète ? Si nous pensons que la violence, les guerres l’expulsion ou l’exclusion ne sont pas la solution de la cohésion, il nous faut (ré)-agir.
Proposer des lieux d’intégration, des personnes qui permettent la transmission de valeurs communes. Il nous faut créer des poste d’agents de terrain, d’éducateurs, de professeurs et d’animateurs formés. Il faut tout miser sur la création réelle d’emplois pour tous, et non l’enrichissement de quelques actionnaires.

Ces responsabilités incombent à tous les niveaux de décision politique : européen et national, et local au sens large (région département Ville).

Dernières Propositions
1) Les investissements d’avenir, qui peuvent permettre d’éduquer, et de lutter contre le changement climatique et les pollutions, tout en permettant à long terme de faire des économies d’énergie et de matières premières ou de réduire les dépenses sociales, ... ne devraient pas être comptabilisées ( à tous les niveaux de décision) comme des dépenses annuelles ordinaires. Cette « mise sur l’agenda politique » nécessite un fort portage politique, un engagement tenace des élus.

2) Localement nous proposons de recréer au minimum deux postes d’éducateurs de prévention :
- Nous proposons de mettre en place un réseau qui tissent des liens entre tous les acteurs de prévention : éducateurs, animateurs, association de quartiers, employés communaux...
Coût total : 55 000 euros ?

Pour conclure, « Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que c’est difficile « (Sénèque).


• (*nous aurons un échange sur ce sujet une autre fois si vous le voulez).
Voir sur ce site contribution au CNV http://vertsregion.org/spip.php?article1392

• ** (ex. une politique régionale - que j’ai voulue cohérente- du logement social et de rénovation thermique a permis d’éviter environ 70 000 tonnes d’équivalent CO2 et de créer plus de 4 000 emplois).