Mon expérience de Vice-présidente à la région Rhône-Alpes

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

(Par Marie-Odile Novelli,
Vice-présidente au Logement, à la Politique de la Ville, et aux Solidarités-handicap).

Après presque 12 ans de participation à l’exécutif de la région Rhône-Alpes, je cesse mes activités politiques au conseil régional.
Je suis pour le renouvellement des élus et je considère que deux mandats consécutifs suffisent. Ce furent deux mandats prenants, parfois compliqués comme l’est la vie politique, mais riches.

J’ai aimé ce travail, car j’ai pu infléchir les politiques publiques que j’avais en charge en un sens plus écologiste, c’est-à-dire respectueux des ressources naturelles et des générations à venir, et cessant d’accroitre les écarts de richesse.
Cette vision globale a été celle de chacun des 9 élus Ecologistes membres de l’exécutif, dont l’action reste mal connue.

Au titre de ma contribution, je retiens :

- Le logement social de Rhône-Alpes qui a gagné en qualité énergétique et environnementales dès 2008, au point d’avoir une réglementation thermique d’avance grâce aux conditionnalités des aides financières et aux formations que la région a travaillées et réajustées avec les 84 organismes de logement social, l’ADEME, et les collectivités et associations.

Nous intervenons actuellement surtout sur :
- la rénovation du logement à caractère social,

- le logement des jeunes en alternance et des saisonniers, le logement d’insertion,
- les formes d’innovations telles que l’autoréhabilitation, l’habitat participatif, les filières locales renouvelables (biosourcées) ...

Nous aimerions faire plus car il s’agit d’emplois durables et d’actions sociales et environnementales très positives. Comme le vice président Vert Benoit Leclair, qui a mis en place des outils pour les énergies renouvelables et pour la rénovation thermique des bâtiments, j’estime que ces investissements d’avenir qui permettent à long terme de faire des économies et enrichissent le pays, ne devraient pas être comptés comme des dépenses annuelles ordinaires.
La politique logement des 2 derniers mandats du conseil régional a évité près de 70 000 tonnes d’équivalent CO2, et créé plus de 4 000 emplois.*

-  La prise en compte des personnes handicapées dans les politiques régionales, par la création d’une Commission Citoyenne, et via le plan handicap : ce plan, reconnu et primé nationalement, a notamment permis l’accessibilité haute qualité d’usage de l’hôtel de région et de ses annexes, et au-delà, la planification, par les directions des transports et lycées, de l’accessibilité de leurs locaux et véhicules. Il a suscité l’engagement de 300 organismes de formation labellisés H+ dans l’accueil de personnes handicapées. .../

La Politique des quartiers : nous avons contribué à la rénovation des quartiers. Mais au delà, et à peu de frais, je suis heureuse d’avoir proposé un plan pour la réussite éducative des jeunes de plus de 16 ans (alors que le plan de l’Etat de JL Borloo s’arrêtait à 16 ans) et d’avoir mis l’innovation sociale et le pouvoir d’agir des habitants au cœur de la politique de la Ville, en mobilisant différents acteurs sociaux. Par exemples : auto- réhabilitation accompagnée, jardins en pieds d’immeuble, auto-construction de logements par des jeunes en difficulté, recycleries, systèmes d’échanges locaux type "accorderies". Toutes ces actions améliorent à la fois le pouvoir d’achat, le cadre de vie, l’estime de soi, le lien social et la santé des habitants ; et grâce aux innovations, les actions classiques d’insertion montent en qualité.
En 2015 nous avons soutenu plus de 50 actions innovantes d’acteurs variés.
Mais le plus ambitieux pour une institution est "l’innovation administrative" : comment coordonner et surtout adapter les politiques publiques classiques, éducation, sport, économie..., aux besoins des citoyens ? La région soutient cet objectif, la nouvelle loi sur la ville le permet, mais cela reste un challenge pour tous.

- L’accompagnement du développement local : Nous essayons aussi de prendre en compte équitablement la réalité des petites villes ou territoires semi-ruraux dont les
indicateurs démontrent des difficultés sociales et urbaines, de la pauvreté et du peu d’ingénierie. Pour ce faire, nous avons missionné des acteurs du développement local pour "fabriquer un terreau" propice à l’innovation et mettre en relation des acteurs potentiels du territoire. Par exemple, l’insertion par le sport en reliant acteurs du sport, de l’insertion, et de l’emploi. Il faut veiller à ne laisser de côté aucun territoire, en grande difficulté, aussi petit soit-il.
Les indicateurs nationaux de la politique de la ville (indicateurs de pauvreté) sont plus justes qu’avant mais il y a encore du chemin à faire si l’on veut être équitable. Là encore, ce type d’intervention ne devrait pas être considéré comme un "coût" mais comme un investissement social pour l’avenir. Ce sont de petites sommes au regard de dépenses d’investissement ordinaires, d’autant que souvent, les services publics, financés par l’impôt, ont déserté ces territoires.
Il y a un fort potentiel d’innovations sociales en Rhône Alpes
Etre élu, c’est savoir reconnaitre les difficultés mais aussi les richesses des acteurs des territoires et favoriser leurs synergies. C’est les soutenir, mais aussi être exigeant, afin d’aider à un développement durable de qualité. C’est stimuler l’Economie Sociale et Solidaire qui crée aujourd’hui des emplois non délocalisables, quand l’industrie issue du capitalisme mondial en détruit tous les jours.

Actualités Vertes N° 13 – Novembre 2015 Page 6

*- Les tonnes de C0 évitéees sont calculées dans le cadre du plan climat air énergie.
- Les emplois crées sont estimés sur la base du plan de relance bâtiment-logement, actualisés par l’observation des acteurs du logement et de la construction.