8ème Forum National EDUCASPORT de L’agence de l’éducation par le sport au C. régional

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Quel rôle du sport dans l’insertion des jeunes ? De nombreux temps d’échange de pratiques, mais aussi de réflexion étaient organisés au Conseil régional Rhône-Alpes Vendredi 25 septembre, avec une invitée surprise : la ministre de l’éducation Najat Vallaud Belkacem. J’intervenais à la première table ronde, où le socioloque A Caillé cotoyait plusieurs sportifs. Le partenariat de la région avec l APELS est ancien du côté de la délégation Sports de la région. En ce qui concerne la délégation Politique de la ville que je conduis, l’enjeu est bien l’innovation sociale pour mieux intégrer les jeunes en échec. Depuis deux ans l’ APELS a accepté une mission de développement local (repérer les acteurs potentiels) auprès de territoires qui ont moins d’ingénierie. Avec succès... Je participais à la table ronde
"Eduquer pour transformer la société"

[ Notes : Je suis intervenue à partir de ces propos, mais dans l’ordre qui convenait au déroulé de la table ronde.
En ce qui concerne le programme, je renvoie à http://www.educationparlesport.com/ et
http://www.ville-et-banlieue.org/wp-content/uploads/2015/06/ProgrammeEducasport.pdf

 
Table ronde « Eduquer pour un autre monde »
Marie Odile Novelli

Eduquer pour un autre monde : c’est une belle proposition, poétique, qui dessine un avenir, met en mouvement. Dire les choses, c’est les faire advenir, car c’est permettre de les concevoir…
Ceci dit, je suis élue : mon travail consiste à obtenir ou faciliter la réalisation de résultats concrets. L’objectif d’éduquer pour permettre de transformer la société, soulève deux questions : Est ce souhaitable, nécessaire, de transformer la société ? Est-ce possible, par l’éducation ? Sachant que l’objectif de l’éducation est large : il s’agit à la fois de former quelqu’un à un métier par ex., tout en développant et en épanouissant sa personnalité, et en lui faisant acquérir les usages de la société. 

Nous faisons tous le constat qu’il est nécessaire de dépasser les blocages, ou l’impasse, à laquelle laquelle semble se confronter la société. Les jeunes sont un des principaux révélateurs des malaises et des dysfonctionnements de la société : échec scolaire, dévalorisation, chômage, inégalités « sociales et de santé » comme le souligne à juste titre votre éditorial, sur une montée des intolérances l’affirmation belliqueuse de l’individualisme : la cohésion sociale est mise à mal et notre société se cherche.

La cohésion sociale - je retiens une définition opérationnelle pour moi en politique de la Ville : celle du sociologue Y. Grafemeyer-, repose sur l’existence de liens ou de systèmes de solidarités d’une part -et je rajouterai de « solidarité vécue, humaine »- , et repose d’autre part sur le partage de valeurs et de normes. Mais pour faire société il faut aussi qu’une autre dimension soit possible : celle de projet.
  
Partager les valeurs : oui mais lesquelles ? Celles que la République affiche sur les frontons des hôtels de ville : Liberté, égalité, fraternité ?
Ou celles que notre économie revendique le plus fort : Conquête de parts de marchés-, concurrence et compétition- (et dans les secteurs de la communication numérique et audio-visuelle , l’affirmation de soi , les égo-portaits comme disent les Québequois en parlant des selfies ? 
J’évoque les valeurs dominantes, car il en existe d’autres : l’affirmation de la collaboration et de l’égalité prime par exemple ds les SCOP et les réseaux sociaux sont aussi une bonne manière de collaborer). Elles restent en émergence. 

 Le sport n’échappe pas à ces contradictions : les vertus positives - persévérance, dépassement de soi et confiance en soi, respect des règles et des autres, accepter « l’opposition créatrice » - persistent.

Mais le sport représente aussi valeurs dominantes de la société actuelle : compétition, cherche de la performance à tous prix, individualisme, objectifs économiques ou de profit.
Le sport en soi ne suffit pas à créer de la cohésion sociale.
Par contre, pour tous ceux qui n’ambitionnent pas de devenir des champions, c’est à dire l’immense majorité des humains, le sport non compétitif et bienveillant peut apporter un bien être physique et mental, du plaisir partagé ensemble, une écoute de l’autre, le partage de valeurs , de règles, restaure la collaboration et redonne confiance en soi.

La confiance en soi ou l’estime suffisante de soi est nécessaire à la collaboration. La collaboration est indispensable à la réussite. Une société ne réussit pas collectivement avec des individus qui seraient en compétition constante les uns contre les autres. Ni un pays, et ni l’humanité.
Par contre, l’intelligence collective est une réalité que ma délégation - Politique de la VILLE, logement , Solidarités - handicap- me fait toucher du doigt tous les jours.
Partout des acteurs inventent ensemble des solutions à des problèmes qu’ils n’auraient pu résoudre seuls, mais parce qu’ils sont complémentaires, ils progressent, et parce qu’ils partagent un projet, ils gagner en énergie et en conviction. Encore avant hier, un responsable de grande structure d’insertion de personnes handicapées me racontait qu’il avait expérimenté un management par forum ouvert -où l’ordre du jour lui même est choisi par les participants -puis travaillé par eux, chacun à son rythme (certains butinent et ont l’impression d’avoir fait le tour d’une question rapidement, d’autres vont creuser une question. A la fin des ateliers, sans qu’il ne s’en soit mêlé, les comptes rendus étaient tapés, le travail avait abouti au mieux. Et il concluait « il faut faire confiance ; rien ne remplace l’intelligence collective ».

 Eduquer pour permettre de transformer la société, pour un autre monde, pour permettre à l’espèce humaine de faire face aux défis qui l’attendent - et je n’oublie pas le défi climatique- c’est permettre à cette intelligence collective de se libérer. Cela signifie que l’on a résolu les étape précédentes : restauration ou instauration de la confiance et de l’estime de soi, expérimentation de la solidarité collective plutôt que de la guerre de chacun contre tous. Il faut développer la capacité d’action individuelle et collective. C’est donc bien par l’éducation ( pour les jeunes et tout au long de la vie) qu’il faut agir. Un ex : le PRE (Programme de réussite éducative mis en place par la dans le cadre de la Politique de la Ville dpour soutenir les élèves décrocheurs ou décrochés au delà de 16 ans ( le programme national s’arrête à 16 ans) prend à la fois en compte les besoins personnels du jeune (santé et image de soi par ex.) et démontre l’efficacité de la collaboration des institutions…
 
Preuve que les temps changent, le développement du pouvoir d’agir figure clairement dans les objectifs de la politique de la ville, des quartiers populaires.
 
Evidemment c’est un axe que la délégation que je conduis soutient depuis quelques temps déjà. Comme elle soutient l’innovation sociale centrée sur la collaboration d’acteurs ou d’institutions.
C’est pourquoi, dans le domaine de l’insertion par le sport, nous avons souhaité que l’ AFPELS mobilise son savoir faire pour favoriser le développement de projets collaboratifs d’insertion pas le sport, sur des territoires moins doté d’ingéniérie. Il fallait au moins deux partenaires sur chacun des projets (un du domaine social ou de l’insertion économique et un du domaine sportif sur sport), le sport structurant le projet. Les projets visaient parfois des jeunes très désocialisés.
Il s’agit ni plus ni moins de faire du développement local, de repérer les institutions, associations, les forces, potentielles du territoire, et de favoriser l’émergence de projets concrets.
C’est un des rôles essentiels et d’intérêt général que peuvent à mon avis jouer les élus : être à l’écoute des besoins et des innovations de la société, et favoriser l’émergence de dynamiques sur les territoires, favoriser le développement du pouvoir d’agir au sens large. Les élus passent, les dynamiques peuvent rester, et, mieux, se développer. 
MO NOVELLI