17.7.15 : Signature des contrats de ville de Chambéry et Albertville 2015-2020

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Après Chambery, en présence du préfet de région et de département, cap sur Albertville ce même jour, "petit nouveau" des Contrats de Ville.
Deux contrats de communes différentes qui illustrent les (bonnes) évolutions actuelles de la politique de la Ville ...

Pour Chambéry Métropole, qui a une pratique déjà ancienne de la Politique de la Ville, l’enjeu essentiel me parait être aujourd’hui une bonne coordination des acteurs institutionnels et associatifs, ainsi que la transversalité des politiques publiques menées par les collectivités, et la bonne implication des habitants. Ce qui n’est pas simple, demande une pratique de développement local, et constitue un challenge.

Passée la première surprise, Albertville a du concevoir elle aussi un contrat de Ville en un temps très court, pour une durée assez longue ( 2015-2020). Et comme d’autres villes moyennes - je pense à Saint Marcellin en Isère - transformer l’ image qu’elle avait de la politique de la Ville. En effet, la représentation commune et médiatique est celle de grands centres urbains, de quartiers de plus de 10 000 habitants, avec de grands ensembles ( "la barre des Mille") qui concentrent beaucoup de gens ayant des problèmes d’emploi, un habitat dégradé, et peu de mixité sociale.- A ce sujet , T Repentin, délegué interministériel à la mixité sociale, était présent Chambéry. L’amélioration de la mixité est essentielle pour le bon fonctionnement des quartiers mais c’est un sujet difficile. -

Or, la nouvelle politique de la Ville portée par le ministre Lamy puis la secrétaire d’ Etat Myriam El Khomeri comporte trois nouveautés intéressantes :

1. Le critère de base pour être élligible au label quartier prioritaire de la Ville ( QPV) est le revenu. Tous les habitants de ces quartiers ont un revenu au moins deux fois inférieur au revenu moyen des agglomérations, et un taux de chômage deux fois plus élevé. Pour la région, il s’agit aussi de prendre en compte les difficultés de jeunes. . Dans tous ces quartiers,le chômage des jeunes est au moins deux fois plus elevé, le taux de diplômes deux plus plus faible etc...
2. Il s’agit d’abord de mieux mobiliser le "droit commun" au delà de l’obtention de crédits spécifiques : à quoi cela sert-il d’avoir une petit supplément de crédits sociaux, si la police, les commerces, la poste , les médecins ont déserté le quartier ?
3) Les habitants doivent être plus impliqués qu’ils ne sont, on doit tenir compte de lur avis, et développer leur compétences, notamment par des Conseil citoyens ;

La région intervient financièrement et sur le fond.
Financièrement, via le Contrat de Plan Etat- Région ( 106 M euros en 7 ans sur la rénovation urbaine en R Alpes) via des crédits spécifiques environne 40 Millions d’euros sur 7 ans. Ceux ci s’ajoutent aux crédits de l’ Etat.

Mais l’enjeu est évidemment la mobilisation, la bonne coordination et je rajouterai l’adaptation du droit commun régional * concernant notamment la formation, ou l’emploi des jeunes.
Par ex. la direction des lycées et de l’apprentissage de la région région a un plan de lutte contre le décrochage scolaire avec l’ Etat, et, en politique de la Ville, la direction des politiques territoriales propose la suite du "PRE" ( Programme de Réussite Educative mis en place par Borloo lorsqu’il avait en charge la Ville) qui s’arrête à 16 ans, l’époque où il ne faut surtout pas lâcher les jeunes ! Il est donc essentiel d’adapter et coordonner cette aide PRE régionale souple ( 700 euros par jeunes, scolarisé ou mission locale et suivi par un référent, pour tout type de problème scolaire ou de santé dans le cadre du PRE Région...) aux autres aides de la formation continue (je pense au statut de stagiaire de la formation mis en place par philippe Merieu qui permet à des jeunes en raccrochage d’acquérir des savoir- faire, des savoir - être de base etc de gagner un peu d’argent ) et il est essentiel que ces aides soient aussi coordonnées avec celles de l’aide sociale à l’enfance des départements.
(1).

Enfin un dernier enjeu est de développer le pouvoir d’agir des habitants , afin de s’appuyer sur leurs forces.
La région à cette fin, soutient des innovations sociales qui est le fruit de collaborations d’acteur, ( notamment via un Appel à Manifestation d’Intérêt annuel = AMI ) et encourage la capitalisation en soutenant des réseaux ( dont le CRDU, le CRARQ-regies de quartier, Arpenteurs, AFPELS , le réseau des bailleurs sociaux pour l’innovation, Compagnons bâtisseurs pour l’auto rénovation accompagnée etc).

L’enjeu est que ces reseaux puisse intervenir aussi dans les territoires ayant moins d’ingénierie.

Les principales thématiques d’intervention régionales,* outre l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, sont donc le cadre de vie, l’innovation sociale,
( correspondant à plusieurs besoins non satisfaits par les politiques publiques classiques) et les enjeux transversaux de développement durable, lutte contre les discriminations, et d’emploi et économie sous toutes ses formes y compris numérique, par le bais des politiques dites de droit commun**

Et alors, Comment Albertville s’en est- elle sortie ?
Bien, pour le moment ! Chargé de Mission de la Ville , délégués du Prefet, et Développeure Région ont travaillé ensemble pour mettre en place ce contrat, sans oublier d’associer les habitants : preuve qui ne trompe pas, la présence importante d’habitant du quartier dans la salle pour la signature malgré la chaleur.
Un bon début à poursuivre !


(1) Concernant l’entrée dans l’emploi, la coordination doit être faite entre actions de l’Etat (pole emploi), de la Région (CTEF = Contrats territoriaux qui relient emploi- et formation) et actions des agglomérations ( PLIE) et des départements type chantier d’insertion... ou des bailleurs sociaux .
Le renouvellement Urbain s’effectue avec l’aides de subventions de l’ ANRU et de la Région, qui demandent tous deux la mobilisation des clauses d’insertion dans les marchés publics en faveur des publics éloignés de l’emploi. Ces aides sont "socio-conditionnées"- (comme celles de la région qui conditionne des subventions "facultatives" au respect du plan de rattrapage du retard de logements sociaux (article 55 de la loi SRU).

( *Pour ma part, je conduis aussi des "politiques de droit commun" : la rénovation de logement à a caractère social, l’offre de logement adapté pour les jeunes,ou la formation des personnes handicapées..) .

Politique de l Ville en Auvergne et en Rhône Alpes :

** A noter que l’ Auvergne qui fusionne avec R.A en 2016 avait jusqu’ici très peu d’intervention en politique de la ville.
La loi Lamy mobilise forcement la région Auvergne sur la Ville, à double titre.

- concernant les fonds euroépens dont 10% du FEDER ( je ne parle pas des fonds agricoles = FEADER ou ruraux) doivent être consacrés à la Ville,
- et concernant la mobilisation du droit commun évoquée plus haut.

Concernant le logement, l’Auvergne intervient aussi en réhabilitation, dans les zones rurales plutôt dévitalisées ( ce qui est plutôt complémentaire de R. Alpes) , mais les fonds européens sont mobilisable au titre de l’efficacité énergétique dans les quartiers.

En résumé : les CPER ( contrats de plan) , les programmes européens et contrats de ville sont en principe différents selon les régions, mais les convergences progressives seront recherchées dans les prochaines années.
Il y a déjà plus de convergences en 2015 qu’avant.

[liste des nouveaux contrats de ville :http://www.crdsu.org/c__12_13__Presentation.html…]
Marie Odile NOVELLI

Photos : principaux signataires du CV de Chambéry (photo1) et Albertville