Construction en panne : les chiffres imaginaires

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Tonino SERAFINI 27 février 2015 à 20:06
Les pires années pour la construction sont 2000, 2001, 2002 et 2009 et non 2014.

Cécile Duflot avait été attaquée de toutes parts à partir de statistiques 2014 erronées.

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C’est une affaire incroyable dans un pays reconnu pour le sérieux de ses outils statistiques : 58 600 logements sont passés à la trappe de la comptabilité officielle des constructions en France en 2014. Jusqu’ici, les chiffres officiels faisaient état d’une année calamiteuse, avec seulement 297 500 logements lancés l’an dernier. Moins que la barre symbolique des 300 000, en-deçà de laquelle la pénurie menace, compte tenu des évolutions démographiques de l’Hexagone. En fait, l’activité de la construction a été nettement moins mauvaise. La mise en œuvre d’un nouvel outil statistique permet de faire état de 356 200 logements lancés l’an dernier.

« Catastrophe ». Problème : en 2014, de mois en mois, les chiffres (faux) de la construction ont alimenté une vive la polémique. Les milieux de l’immobilier et la droite s’étaient déchaînés contre Cécile Duflot, ministre du Logement jusqu’au remaniement du 31 mars. Ses détracteurs la tenaient pour responsable de l’écroulement des mises en chantier, pointant les « effets néfastes » de l’encadrement des loyers prévu dans sa loi Alur, adoptée deux mois plus tôt. Nicolas Sarkozy l’a ainsi traitée « de pire ministre du logement » de la République promettant en cas de retour au pouvoir de la droite de « supprimer immédiatement la loi de Mme Duflot qui est une catastrophe ». Tout cela sous les applaudissements nourris des militants UMP.

Problème : les chiffres sur lesquels se basaient ces réquisitoires étaient faux. D’ailleurs, cela faisait quinze ans que les statisticiens doutaient de leurs données relatives aux mises en chantier en raison de « trous dans la collecte ». Un rapport rendu en 2010 pointait des problèmes de remontées d’informations au service des statistiques du ministère du Logement. Une fois leur permis de construire obtenu, tous les maîtres d’ouvrage (promoteurs, particuliers…) ne font pas toujours leur déclaration d’ouverture de chantier auprès de la mairie.

Trappe. Et, pour des raisons de manque de personnel, d’organisation, les communes ne transmettent parfois pas les chiffres collectés de mises chantier au ministère. Les services de l’Etat se sont rendu compte du problème en faisant des sondages localement et en se référant au fichier des taxes foncières. Ainsi 250 000 logements sont passés à trappe des statistiques depuis l’an 2000. Et les pires années pour la construction sont 2000, 2001, 2002 et 2009 et non 2014.

TONINO SERAFIN