Energie:l’ Etat "ralentit le solaire"

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

[extrait d’Atlantico* Samedi 03 mai 2014]

Transition énergétique : comment l’Etat ralentit le développement du marché de l’électricité solaire

Le prix de revient de l’électricité produite par les éoliennes terrestres est de 5,97 centimes d’euro par kWh1. En revanche, le prix de l’électricité produite par les éoliennes offshore est plutôt de 15 centimes. Le gouvernement français a souhaité développer des éoliennes en mer, malgré leur coût prohibitif pour deux raisons : les éoliennes terrestres font l’objet de contestations incessantes de la part de personnes vivant à proximité de leur implantation, ce qui rend leur mise en service difficile ; l’installation et la maintenance des éoliennes offshore est plus coûteuse que pour une éolienne terrestre. Les usines sont obligatoirement situées près des sites, sur le sol français ; cela permet le développement d’une filière éolienne française, mais il s’agit d’un protectionnisme déguisé.

Si le prix de l’électricité produite par les éoliennes en mer est prohibitif, l’électricité produite par les éoliennes terrestres est compétitive avec l’électricité d’origine fossile et nucléaire : avec un financement totalement privé, comme décrit à l’annexe II, le prix de l’électricité éolienne est au même niveau que le prix de l’électricité nucléaire et fossile (5,97 centimes par kWh). En revanche, le prix ne pourra pas beaucoup chuter puisque les éoliennes sont déjà produites à grande échelle et qu’il y a une limite à la baisse des prix de fabrication, le nombre d’heures de travail, le coût des matières premières (acier, métaux rares) étant incompressible. C’est ce que prévoit d’ailleurs la DGEC. Si l’on retient une chute maximale des prix de 20 % des éoliennes, tout en améliorant la fabrication, le prix du kWh de l’énergie éolienne financé par le secteur privé passerait alors à 5,28 centimes d’euro1. L’énergie éolienne est donc déjà compétitive et très prometteuse pour une transition rentable vers les énergies renouvelables. Inconvénients : les nuisances sonores et les nuisances sur la faune ne seraient pas négligeables ; la production d’électricité éolienne dépend du vent et est donc intermittente ; la chute des prix des éoliennes touche à sa fin. Avantages : le prix de l’électricité éolienne est immédiatement compétitif ; la production d’électricité éolienne peut être complémentaire de la production d’électricité solaire en termes d’intermittence.5br]
Ces avantages ont permis l’explosion de la puissance des éoliennes installées dans le monde ; la production d’électricité éolienne dans le monde est supérieure à celle du parc nucléaire français.

L’électricité d’origine solaire

L’énergie du Soleil atteignant le sol terrestre représente 5 000 fois la consommation mondiale d’énergie : il suffit d’en capter une part très faible pour satisfaire les besoins en énergie de l’humanité. Encore faut- il que cela se fasse dans des conditions économiquement réalistes pour que cette énergie soit apportée à un prix cohérent aux entreprises et aux consommateurs.
Il y a deux types de technologie pour convertir l’énergie solaire en électricité. Le solaire à concentration, où des miroirs réfléchissent la lumière sur une tour contenant de l’eau ou des sels fondus. Cette eau ou ces sels fondus sont chauffés par les rayons du Soleil. La vapeur d’eau entraîne des turbines qui produisent alors de l’électricité. L’intérêt des sels fondus est de permettre la conservation de la chaleur produite : la production d’électricité peut être différée. Cependant, ce type de centrale ne peut produire de l’électricité que lorsque le Soleil est de sortie. Cela réduit son intérêt en France. Le coût de production de ce type d’électricité est assez élevé. Deuxième technologie, celle des panneaux photovoltaïques, qui n’a pas ce défaut : un panneau peut produire de l’électricité en l’absence de soleil, par temps clair. Il y a deux catégories principales de panneaux photovoltaïques : les panneaux classiques avec un support en verre intégrant une couche de semi- conducteurs ; les supports souples sur lesquels sont « imprimés » des semi- conducteurs (couches minces). Le support souple a l’inconvénient de contenir des métaux très rares et de ne pas pouvoir être recyclé facilement alors que les panneaux solaires classiques sont aisément recyclables. Le rendement des panneaux en couche mince est plus faible et son prix plus élevé aujourd’hui. Plus polluant et non recyclable, plus cher, ayant un rendement plus faible, le photovoltaïque sur support souple ne sera pas inclus dans notre étude des prix. Les panneaux solaires photovoltaïques ont une durée de vie comprise entre vingt et trente ans ; certains panneaux sont d’ailleurs garantis vingt ans par leur fabricant. La quantité d’énergie qu’ils produisent baisse d’environ 0,7 % chaque année du fait de leur vieillissement. Le rendement de ces panneaux est d’environ 15 % (ils transforment 15 % de la lumière reçue en électricité). Ce rendement progresse d’année en année grâce à la recherche et à la production de panneaux de meilleure qualité. L’électricité produite par les panneaux photovoltaïques a un avantage unique : le prix des panneaux photovoltaïques chute tous les dix ans d’un facteur 3 environ. En effet, ce sont des semi- conducteurs dont les prix suivent la « loi de Moore », comme dans l’informatique. Ainsi, depuis trente- cinq ans, les prix ont été divisés par 50 ! Cet avantage majeur n’est de façon étonnante presque jamais cité dans les articles ou émissions relatives à ce sujet. Attention, l’échelle du graphique ci-dessous est « logarithmique », afin qu’on puisse bien observer la chute presque exponentielle des prix. (Prix en 1978 : 50 euros par watt crête ; en 2013 : 0,80 euro par watt crête.)

*Voir le site Atlantico :
http://www.atlantico.fr/decryptage/transition-energetique-comment-etat-ralentit-developpement-marche-electricite-solaire-transition-energetique-fayard-philippe-mur-1060852.html#t2y25jCz0AWK9e38.01