J’ai lu Le Quai de Ouistreham, par Florence Aubenas

, par  Marie-Odile NOVELLI , popularité : 0%

Enquête vécue sur la misère ordinaire

Enquête, vécue par la Journaliste Florence Aubenas, sur la misère ordinaire.

La recherche de sécurité matérielle face à l’insécurité sociale, le désir d’estime de soi, la difficile autorisation à penser par soi même,toutes ces préoccupations sont au coeur du livre de Florence Aubenas le "Quai de Ouistreham".

Je ne veux pas rentrer dans la polémique existante concernant son "déguisement en femme ordinaire".
Pour moi, plus il y aura de personnes crédibles qui mettront en lumière les difficultés majeures dans lesquelles se débat une grande part de la population, plus nous aurons des chances de gagner en conscience collective. Donc de changer profondément de politique. (Comme mes camarades écologistes, je veux une transformation de la société, une transformation écologiste, c’est à dire à la fois environnementale, sociale, économique. Nous sommes tous responsables de nos actes mais nous sommes de fait tous solidaires, embarqués sur le même bateau - ah, la terre ).

Alors, je ne vais pas bouder mon plaisir : Il faut lire ce livre de vérité sociale.

Florence a voulu savoir comment on vit aujourd’hui en France quand on a un revenu inférieur au Smic ou les minima sociaux.
"J’ai décidé de partir dans une ville française où je n’ai aucune attache pour chercher anonymement du travail". Direction Caen.
Une seuls entorse importante à la réalité, elle présente un CV Vierge, ayant vécu des revenus de son conjoint. Elle se déclare "prête à tout".
L’aterrissage est sévère : tant du côté de pôle emploi où aucun espoir n’est donné, parce qu’il n’y a pratiquement rien à proposer (même si certain(e)s ont à coeur la situation de leur clients) , que du côté des femmes qui comme elles font ce qu’on leur propose, des petits ménages à horaires décalés qui obligent à avoir un véhicule, et à toutes une série de renoncements :
on ne se fait pas soigner les dents parce que c’est trop mal remboursé, on attend qu’elles soient toutes pourries et on porte un dentier, même à 30 ans.
On ne se sent pas le droit d’aller boire un verre au distributeur, on ne fait pas partie du monde des salariés de l’entreprise où l’on fait le ménage etc... Bref, on est "le bas du panier" selon l’expression d’une salariée de Pôle emploi habituée à classer mentalement l’employabilité des gens.
Il y a des portraits touchants, c’est un livre humain et efficace. Ce n’est pas un livre de littérature. Mais ce n’est pas ce que l’on lui demande.
Facile à lire, instructif.
Livre de témoignage social, c’est pour moi, un livre très utile.
A lire.

MO.N